jeudi 31 janvier 2008
je pense que niveau rayonnement culturel l'inde a la palme : sarko était là y a moins d'une semaine...
d'ailleurs un sacré bazar parce que l'étiquette indienne interdit formellement à un couple non marié de dormir ensemble.. bref un bazar sans nom, tout le monde en parlait... finalement miss sarko est pas venue, même pas visiter le taj mahal, pourtant fermé spécialement pour l'occasion...
c'est pourtant pas compliqué.. en Inde, si une fille et un garçon non mariés dorment sous le même toit, il faut simplement que l'un deux dorme avec la mère... mais peut être que Carla ne voulait pas dormir avec la première dame indienne..
au passage Sarko a réussi à glisser aux indiens que les français avaient les 35h alors qu'eux ils bossaient très dur. enfin vu la productivité horaire des indiens..
en fait il y a un principe simple en Inde, ils sont beaucoup, donc faut du boulot pour tout le monde.. alors ils prennent leur temps et ils inventent plein de jobs qui servent à rien (je me rappelle la tête de ma mère à l'arrivée à l'hôtel à bombay lorsqu'il y avait un mec pour marquer nos noms sur le registre, un pour remplir la bill, un pour rendre les sous, un pour dire à l'autre de porter la valise, et enfin le seul qui bosse et qui porte la valise..)... idem à la bibliothèque de l'université, ceux qui vont chercher les bouquins dans les étagères, celui qui les rentrent dans l'ordi, celui qui marque le nom sur la fiche, celle qui range les fiches, et celui qui vérifie à la sortie que t'as un petit papier qui prouve que t'as bien emprunté les bouquins... et dans tous ça pas un qui daigne parler anglais, ou juste sourire (conséquence de nombreux pétages de plomb, dernier en date ou je me suis à pleurer, ils ont seulement bougé les bouquins pour que je les abime pas..)
malheureusement pour Sarko, les indiens n'ont pas vraiment la même admiration pour la France que les Argentins.. ils savent à peu près ou ça se trouve, trouve que notre langue est franchement galère à apprendre (les indiens ont de sérieux problème de prononciations, ils m'appellent géralement Saha, ou saha madam et j'ai appris à un indien à dire "tu es très jolie", mais maintenant lorsqu'il me dit "dou èdz dré dzouli", j'ai des doutes..), mais ils sentent bien que l'avenir de l'Inde est un peu plus prometteur.. ils sentent qu'au final ce sont eux qui dictent les règles, et Sarko vient faire des courbettes au plus grand marché potentiel du monde...
en gros pour les indiens, la France est une sorte de musée vivant assez mignon... un peu ringard, mais tellement chic...
et puis les indiens ne sont pas en reste sur les clichés sur les étrangers...
le plus sympa c'est sans doute tous ces moments ou ils parlent des colonisateurs en nous regardant du coin de l'oeil...
j'aime aussi beaucoup lorsqu'ils nous demandent comment on se débrouille pour la bouffe.. ou alors comment c'est possible de vivre dans un pays froid (ben on met des fenêtres qui ferment et du chauffage, ça marche vachement bien...)
dans un registre plus mignon j'ai eu beaucoup de mal à expliquer pourquoi Paris était considérée comme la ville la plus romantique du monde...
La France c'est classe...
L'Argentine en force!! Où sont passé les autres pays? En vacances comme toujours!
En plus de donner quelques cours de féminisme (ou plutôt de minimisation du machisme), je participe également sans trop le vouloir au "rayonnement culturel de notre grand pays qu'est la france". (J'ai pas vraiment cherché mais je suis sûre que cette phrase pourrais être extraite d'un discours de sarko). Je donne en effet depuis quelques temps pas mal de cours de français.
Les raisons d'apprendre le fançais en Argentine sont multiples et en général plutôt simpathiques: pouvoir communiquer avec sa belle-mère française qui ne comprend pas un mot de castillan, comprendre les films de Godard et les chansons de Brel (le plus hardu, car parfois certaines méthaphores m'échappent), vouloir voyager en Europe, recevoir des clients français au BAUEN, draguer les françaises (qui ont une réputation du feu de Dieu), ou juste apprendre parce que le français c'est classe (allez savoir pourquoi).
C'est assez rigolo, très fatiguant (on s'improvise pas prof) et franchement j'aurais jamais pensé que ça me plairait autant. J'ai découvert que j'avais plutôt de la patience! Mais j'ai toujours des difficultés à préparer mes cours. Mais bon en même temps comme mes élèves sont tous principiantes c'est pas vraiment grave. J'ai aussi redécouvert des règles gramaticales oubliée ou jamais apprises. Par exemple pourquoi on dit "vivre EN France, AU Mexique et A Bs As" Le premier est féminin (allez savoir pourquoi), le deuxième masculin (allez savoir pourquoi) et le dernier neutre (allez savoir pourquoi). Et aussi la différence entre "le soir" et "la nuit" qui ici se dit juste "noche". Et bien, vous êtiez vous rendu compte qu'en France on fesait une différenciation stricte entre la noche publica, "le soir" et la noche privada "la nuit"? D'où une différence pas banale entre "on se voit ce soir" et "on se voit cette nuit"...
Je me suis également surprise à dire cette phrase que je detestais tant en cours de langue "ça on le sait en fonction du contexte", mais, ben parfois y a rien d'autre à répondre.
Certains se note la prononciation pour pas oublier plus tard, bonjour donne donc "bonyüg" et comment ça va "como sava", c'est assez rigolo. Petit jeu facile: que veux dire yo t ém?
Ce qui est marrant c'est qu'au BAUEN je travaille avec des petits groupe (3 en général) et qu'ils ont les même mécanismes que les mômes à l'école: "oh regarde, il a tout salopé sa feuille", "copie pas!", "non mais lui m'dame il a rien compris". Et ils sont tous un peu jaloux que j'apprenne pas qu'a eux!
Mais ce qui est très interressant pendant les cours aussi c'est de voir comment la France est perçu ici.
Ben la France c'est la classe, pas comme ces connard d'Américains hégémoniques (ouais c'est sûr nous on est trop un pays à la cool, pas colonisateur pour deux sous). On m'a dit par exemple qu'il y avait à apprendre de notre histoire car on avait réussi à se relever de deux guerres. Alors j'ai donné la recette: tu colonises pendant plus de deux cents ans des pays auxquels tu pilles tout, t'envoies leur hommes au front quand il s'agit d'en faire de la chaire à canon anti-faschiste, tu les fait venir chez toi quand il s'agit de reconstruire ce que les méchants nous ont détruit et après tu les renvoies chez eux parce qu'on va pas les entretenir avec les allocs, non mais! C'est pas la foire à Nono chez nous! (ouais j'sais ça arrange pas trop le rayonnement de dire ça).
D'autres pensent aussi que nous les français ont est trop sophistiqués avec toutes nos expressions super imagées type "être connus comme le loup blanc", "avoir une araignée au plafond" ou "un pet au casque" (spéciale dédicace à Tata Jo). Pour tout dire mon élève qui est fanatique de Godard et de la nouvelle vague pensent qu'en France toutes les filles ressemblent à Anna Karina, que tous les gars fument comme Belmondo et que tout le monde kiffe Brel ou Vian. J'étais un peu honteuse de lui dire que j'avais pas lu les essais sur le cinéma de Deuleuze qu'il connaît presque par coeur. (Petit sondage: qui les a lu?).
Pour vous dire à quel point on est trop sophistiqués, il y a qq temps il y avait un ministre de la culture très chic, très cultivé et soigné, sans femme ni enfants. Le jour où on lui a demandé s'il était homo il a répondu qu'il était "afrancesizado", fransisé! Y en a que ça aurait étouffé non??
Bon je dois avouer, la France c'est aussi Sarko. On m'a déjà demandé comment un peuple si fin et cultivé (mmmh) avait pu élire un type pareil. Ben à vrai dire, c'est qu'on doit pas l'être tant que ça, fins et cultivés. D'ailleurs en parlant de ça, l'autre jour dans les noticias de canal 13, après la rubrique des chiens écrasés et les assasinats dans les beaux quartiers, la rubrique "politique internationale" (je me sens obligée de mettre des guillemets) était entièrement dédiée au supposé marriage de notre tout puissant. Que asco!
Sinon pour info, ca m'a fait rigolé car j'ai montré au fan de Godard qq photos perso pour qu'il ai une idée plus réaliste de ce à quoi ressemblent les français. Voilà ces impressions:
Sacha et Marco (surtout Marco) ont des gueules d'Argentins, Loïse et Baptiste ne ressortiraient pas vivants du pays, on fait pas plus français typique que Sarah et Clément, Pierre fait plus chic sans dreads (plus sophistiqué), Rémi ferait un tabac auprès d'une de ces potes (tu es donc invité) et la photo de Clélie déguisée en bourgeoise avec des chaussettes dans le soutient gorge lui a beaucoup plût (re-tetona esa mina!).
Sinon pour finir côté foot, si on a gagné en 98 c'est qu'on avait triché, sinon forcément ce serait les Argentins qui auraitent gagné. Quoi??! ils étaient même pas en final?! Tu vois bien que c'est un complot contre les pays pauvres!
Hombres / Mujeres, modo de empleo
Bon, je me sens un peu obligée de répondre au post de Doudou, parce qu'après on va dire: "Pauline elle a pas un regard critique sur l'Argentine, elle a toujours dit que ça déchirait et Doudou qui est là depuis seulement 3 semaines il a déjà pointé les failles." Le but n'est pas de le contredire, il a raison sur plein de points (le coup de l'asado masculin j'avoue que ça m'avais schotchée et je reconnais aussi que notre proprio, avec son emplois du temps surchargé de nanas est un con). Mais bon il est gentil Doudou de s'occuper de la condition de la femme en argentine (il en faut des bons gars comme ça) mais lui au final, il est peinard. Et honnêtement je crois pas que ça chiffonnerai beaucoup de mes potes français de se taper tous les matins (plus l'aprèm en fait parce que bon le matin c'est tôt) presque 1 Km de rue avec des minas à moitié à poils qui te mattent. (hein Rémi...)
Ca fait quoi donc d'être une fille dans les rues de Bs As?
Parce que ce qu'il a pas du tout à subir Doudou, c'est surtout les remarques dans la rue dont je vous ai déjà parlé. Ben ouais, faut avouer, j'ai relaché ma garde, comme la pluspart des filles ici. Au bout de qq semaine j'en ai eu ma claque de me retourner, le regard méchand quand on me fesait un commentaire. Je laisse filer et même j'ai presque fini par m'habituer. Et puis merde, ça fait toujours plaisir quand on te dit "Y en a beaucoup qui passent par ici, mais celle-là c'est la plus jolie de la rue". Ce à quoi je me suis toujours pas habituée, mais pour quoi je ne perd toutefois pas mon temps à gueuler, c'est les bisous lancés près de l'oreille et les invitations au bulin (piaule).
Alors donc voilà, j'ai renoncé à me battre sur les habitudes maschiste de la moitié de la population argentine (si ce n'est plus, les filles ont aussi le machisme bien encré, socialisation oblige). Mais je ne renonce pas à me battre pied à pied chaque jour avec mes amis (sauf mon proprio qui pour ça est un con, après il est pas chiant alors je garde des bons rapports).
J'ai expliqué mainte fois que siffler ou matter une nana dans la rue c'est la réduire à un cul et à une paire de seins. J'avoue que ça a un peu marché avec mon copain qui a un peu honte mainenant quand ces potes le font et que je suis là. C'est un début.
Je lui ai laissé la poelle dans les mains, le jour ou pendant que je fesait à manger il était derrière moi à m'expliquer comment fallait faire (selon sa mère) et je vous jure que maintenant il la ramène plus.
J'ai passé un temps infini à me défendre de vivre avec des garçons qui n'étaient pas mes novios mais bien des potes. Ouioui, une fille et un garçon amis ça existe! Et aussi à expliquer qu'avoir une capote dans son portefeuille ça veux pas dire que t'es une fille facile, juste que c'est au cas où surtout que c'est une question de vie ou de mort. Sur ce point ici il y a d'ailleurs du boulot, car les argentin(e)s ne sont pas particulièrement chastes et aucun des potes à qui j'ai demandé (garçon ou fille) n'en a toujours sur lui. Forcément si quand t'en a on te fait sentir que t'es une Marie-couche-toi-là...
Bon, certe, ça va prendre du temps, mais petit à petit j'ai l'impression de gagner des micro-combats.
Quand aux filles de la rue Sarmiento qui choquent tant Doudou, moi je préfère regarder 2 mètres plus bas, à hauteur d'oeuil et profiter du spectacle d'une rue vivante et commerçante avec toutes ces petites échoppes qui vendent de tout et surtout de n'importe quoi.
Comme je vous l'ai déjà dit, je préfère voir les bons côtés, je suis amoureuse de ce pays.
mardi 29 janvier 2008
Argentina, el otro lado
Comme j'ai écrit un message plutôt enjoué sur l'Argentine autogérée la dernière fois je me dois de ternir un peu le tableau et de détailler les points qui me déplaisent, car il y en a, pas non plus des tonnes mais quand même.
Par quoi commencer? Par le plus frais dans ma tête, le machisme ambiant. cette après-midi, je fini mon déjeuner et je me met naturellement à faire ma vaisselle, là une des copines du proprio arrive et me demande si ils me forcent à faire la vaisselle parce que voir un homme qui fait la vaisselle c'est à moitié bizar, enfin pas bizar mais peu répandu. Haaaaa voila, on y est là, pas de doute, en voila des choses qui m'énerve en Argentine, et encore là c'est soft. Par exemple quand on était à Pigüé avec Clément, ( voir post précédent ) on nous a invité à un "asado", un barbecue, on part de la maison de Pato qui nous hébergeait, sans sa copine... Et en arrivant on se rend compte qu'on est que des mecs, Clément demande d'un aire candide pourquoi la fille n'est pas venue et on lui répond plus ou moins pour rire que c'est un truc de mec ce diner. Vient en suite le plus extraordinaire, la femme du mec qui nous avait invité passe devant la porte du salon où on était et ne se permet de rentrer qu'une fois que son mari l'a invité à venir dire bonjour. Elle le fait et s'en retourne à ses occupations, on ne la reverra pas de la soirée...
Les piqures de rappel quotidiennes se font clairement, par des sifflements et regards on-ne-peut-plus significatif quand Les mâles latins se retournent ostensiblement sur les croupes qu'ils jugent dignes d'intérêt. Mais aussi de manière plus institutionnalisée, mieux dissimulée comme dans la rue qui nous mène de chez nous à l'hotel BAUEN, spécialisée dans la vente de sous-vêtement et dont toutes les façades d'immeubles sont recouvertes d'affiches de 4m par 3m ( voir plus ) de filles outrageusement mensurées qui posent en sous-vêtements. Comme pour te rappeler par la force ce qu'est le modèle de beauté en vigueur en ce moment, comme pour que celles qui ne ressemblent pas à ça s'en sente coupable...
Ensuite, et ça ne s'applique pas du tout qu'à l'Argentine mais je trouve cela vraiment flagrant ici, la croyance en l'infinie bonté de l'état n'a pas été remise en cause par les exemples pourtant plus que marquants qu'a connu le pays. Par exemple, les associés des coopératives des entreprises récupérées se sont tous retrouvés au chômage parce que l'état à permis (et assisté) les faillites frauduleuses mais il reste quand même la première et quasiment la seul personne à qui ils demandent des comptes. Même après une loi d'expropriation qui n'en a que le nom car elle n'est en fait qu'un prêt accordé par l'état à la coopérative qui permet à celle-ci de racheter l'entreprise en remboursant chaque année à l'état, avec intérêts. La seule différence avec une banque est que l'état laisse 5 ans à la coopérative avant de demander les premiers remboursements. Notons au passage que l'ancien proprio n'est jamais inquiété ni sommer de payer les sommes dues aux salariés, la seule préoccupation qu'il ait est de restituer à la coopérative tous les biens listés sur des inventaires falsifiés par les syndicats, fait plusieurs mois voir années après la fermeture de l'entreprise ou inexistants...
Mais mal grès cela la loi d'expropriation à calmée les tensions, le reste est aux mains des juges et on a confiance. Après une crise comme 2001 en Argentine où l'état parce qu'il à suivit avec application et zèle les directives du FMI et autre Banque Mondial à jeté plus de 50% de la population en dessous du seuil de pauvreté, on continue à y croire. Bah oui mais c'est plus le même gouvernement, on peut pas tout détester ma brave dame... après commet on fait? on n'est jamais content? c'est pas une vie ça. En plus Kirshner il était élégant et sa dame alors, hein sa dame, si c'est pas une femme qui a de la classe qu'est ce que c'est hein? Je vous l'demande.
trêve de cynisme, il y aurait d'autres choses à dire, j'en suis sûr mais les idées me manques et puis ça va faire trop long après...
Peace and love... ... ...
samedi 26 janvier 2008
L'avenir sera marketing ou ne sera pas...
Ce qui peut d'abord faire la différence, c'est le nom qu'on donne à son commerce:
Il y a ensuite les slogans, tous plus inventifs les uns que les autres:
[...]
LA SUITE C'EST ICI:
http://parisaux4coinsdumonde.blogspot.com/2008/01/lavenir-sera-marketing-ou-ne-sera-pas.html
mardi 22 janvier 2008
Argentine, Deux semaines, la langue rapeuse.
Je m'y met donc :
Sortie de l'avion, Pauline arrive avec Clément à l'aéroport, surprise, je n'attendais pas Clément si tôt.
Bonne soirée mise en bouche, on rentre, un maté ( ça brule mais c'est bon ) j'ai la langue râpeuse à cause de l'eau chaude et de la paille en fer du coup pour apaiser tout ça on sors les bouteilles de Quilmes, la bière d'ici.
Deuxième jour, découverte du Bauen, hotel récupéré, et de tout les gens que Pauline connait là bas ( quasi tout le monde donc...)
Le lendemain on va à Chilavert avec Po, premier contact avec le monde des entreprises récupérées. Pour ma part je suis un peu timide et impressionné mais c'est super chouette comme endroit.
Dès le 3eme jour Juan, mon maitre de stage, le président fondateur de l'asso dans laquelle je bosse, nous dit que nous allons à Pigüé du jeudi au lundi soir, du coup on y va. Au début Po était super contente d'aller là bas mais au final elle s'est rendue compte que c'était pour bosser et du coup elle à trouver toutes sortes d'excuses pour laisser sa place à Clément =) Elle se défile donc en disant que ses parents la réquisitionne pour aller visiter une très très jolie région de l'Argentine... On part donc avec Clément pour Pigüé, petite ville à l'Est de la province de buenos aires pour repeindre des bureau dans la fabrique de Textiles Pigüé CTTP pour Cooperative de travail textiles Pigüé.
Au programme, rencontres, fiestas et peinture évidement. On apprendra assez vite avec Clément que Juan n'a pas d'horaires fixes et que rien ne l'arrête, même après une bonne soirée, couché à 3h du mat, il se lève à 8h du mat pour faire de l'enduit... nous on suit le rythme avec peine et de loin mais on bosse quand même.
La fabrique est une entreprise récupérée par ses travailleurs à la suite de la crise de 2001 qui emploie actuellement 120 personnes, ce qui n'est pas rien. Les gens sont tous très heureux de discuter avec nous, d'échanger et de nous raconter comment se passe le travail sans patron. A la question " Comment c'est d'être président d'une coopérative?" ce dernier répond "un quilombo" ( un sacré bordel, cf post de Po sur l'argot argentin ) ce à quoi je m'attendais...
Une fois le travail fini, au bout de 4 jours, nous quittons la fabrique sous un soleil ardent et un ciel bleu magnifique pour rejoindre une autre entreprise à Bahia Blanca, ville côtière un peut plus à l'Est de la province.
On quitte donc ça :
Pour arriver ici :
Le fait qu'on ne soit pas ici pour bosser ( enfin Juan avait quelques trucs administratifs à faire mais nous on ne pouvais pas aider ) nous à laissé le temps de discuter beaucoup avec beaucoup de gens là bas et beaucoup entre nous. L'histoire de ce frigorifico comme ils disent ( qui en fait est un abattoir avec des chambres froides pour stocker les bout de bidoches une fois découpés. ) est très impressionnante. Contexte de la crise de 2001 toujours, le patron se barre avec des mois d'arriérés de salaires, les gens se retrouvent sur la paille pendant que les banques leur expliquent gentiment que les maigres réserves qu'ils y avaient placé ont disparues. Après quelques discutions en fin de réunions syndicales ils décident d'entrer dans leur entreprise et de l'occuper jusqu'à ce que le patron paye les salaires qu'il doit. Un an et demi d'occupation sans électricité ni eau ( en hiver au bord de la mer il fait vraiment froid ) et surtout sans revenus. Les 600 km qui les séparent de Buenos Aires les coupaient de tout contact et de tout soutient de la part des autres entreprises récupérées ou occupées. A cela s'ajoute l'opposition à leur méthode du syndicat de la viande qui brasse tellement d'argent dans cette zone qu'il est devenu une véritable mafia. Les tentatives d'intimidations sont nombreuses mais la non distribution d'une indemnité de 20 000 pésos donné par le bureau national du syndicat fait exploser la situation. Les occupant du frigorifico tentent d'entré dans une réunion publique du syndicat ( à laquelle ils ont accès normalement donc ) mais se font repousser, ils acceptent la proposition de la direction du syndicat d'une réunion spéciale après la réunion publique, une fois entré ils se font encerclés par une douzaine d'hommes armés... La situation se résout par un coupage de tout lien entre les travailleurs et le syndicat. S'ajoute à cela la police qui essaye à plusieurs reprise de les déloger.
Le patron ne donnant aucun signe de vie, après discutions avec des gens de Buenos Aires, l'idée de se diriger vers un retour à la production est votée. Ils produisent aujourd'hui depuis 5 mois et ça à l'aire de bien commencer.
Le soir, on à discuté pas mal de temps avec un des travailleur et c'était vraiment magique, j'essaye de vous transmettre les aspects qui m'ont le plus marqués mais c'est pas facile et je pense en oublier plein.
Le type à 57 ans aujourd'hui, quand l'occupation a débutée il en avait 55, l'age légale de la retraite ici et face à la situation il a préféré vivre cette lutte que prendre sa retraite... ça fait réfléchir. Lui même dit que c'est pas facile de s'adapter à l'absence de patron, qu'il a voulu la vivre cette lutte parce que sinon il n'aurait jamais compris pourquoi les autres le faisait, qu'avant il les prenait pour des fous tout ces révolutionnaires avec leurs drapeaux dans les manifs mais que maintenant il a compris que quand la dignité est en jeux il n'y a qu'un seul moyen de la retrouver c'est de lutter. Il est partie d'une expérience génial à laquelle il a sacrifié sa retraite sans aucun regret, il en est très fier de ce qu'ILS ont fait EUX, ce nous si fort et si fragile. Mais il à peur aussi, enfin pas peur mais il est anxieux et plutôt dubitatif quant à l'avenir. Les jeunes ont du mal à intégrer le fait que travailler sans patron c'est travailler pour tous, pour soi et pour tout, que du coup on ne fait pas de crasse à ses collègues et qu'il faut que chacun mette la main à la pâte pour retaper son lieu de travail qui se change en lieu de vie. C'est pas évident de réaliser, surtout quand on a pas occuper l'usine, qu'on est arrivé après, qu'en allant travailler on ne va pas juste travailler, on va créer, on va agir pour ce NOUS qui à rendu tout ça possible.
La transition aux plus jeunes et aux extérieurs semble être l'aspect le plus préoccupant dans tout ça...
PS: Sans les fautes d'orthographe c'est mieux ... ( Po m'ai aidé pour corriger )
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Listening to: Brigitte Bop - Les Gueux
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Listening to: Muz'nouch - Autogestion
mercredi 16 janvier 2008
"J'sais pas quoi faiiire, qu'est c'que j'peux faiiire!..."
finalement je reste dans mon petit patelin paumé, avec rien à faire pour l'instant. et pas grand monde à voir. mais au moins j'ai commencé mon 'pré rapport de stage' (...), vous etez verts hein? et les gens qui sont en université ils ont des exams un peu?
alors moi je souffre d'isolationisme aigue. Je ne sais pas si ca vous arrive parfois, moi quand je fais pas assez d'activité physique ou que je suis tres frustré, quand je me sens ensommeillé et que je ferme les yeux, je vois l'image (ou j'ai la sensation) de frapper une balle de baseball avec une batte de toute ma force. nan, pas vous? ben la quand je ferme les yeux j'ai le sentiment de serrer la main de qqun et lui dire, 'hé, ca va?', comme si j'vais envie de rencontrer des gens ou de revoir des amis...c'est fou non?
bon, a part ca ca va, n'ayez pas peur. Vous pouvez tout de meme me cyber serrer la main.
a+
samedi 12 janvier 2008
Thématique : tout ce qui a changé au Ghana en 2008 (après trois semaines de vacances en Franche comté)
Le congrès du ‘New Patriotic Party’, parti au pouvoir, a désigné son candidat à la présidentielle ghanéenne (décembre 2008 je crois) : Nana Kufuo-Addo, parmi 18 candidats. Evènement des plus important ici tant cette course au leadership occupait toute l’actualité. De plus, ce candidat est du coup le plus probable successeur du président John Kufuor.
On a changé de monnaie. On est arrivé au bout de la phase de transition, pas pour passer à l’euro mais au ‘Ghana Cedi’ (et non plus le cedi tout court). C'est-à-dire qu’on enlève 4 zéros. Mais ça n’empêche pas tout le monde de toujours parler en anciens cedis.
Le prix de l’essence a augmenté. Ici aussi, ouais. Du coup, bcp de choses augmentent, taxi, bateau…
C’est le début de la coupe d’Afrique des nations dans une semaine ! Et j’ai un billet pour le match Ghana-Maroc ! Haha !! Tous jaloux hein !?? Eon kwo Black Stars!!!
Sinon tout est pareil, en revenant ici après trois semaines en France on est partagé entre le choc de la différence d’environnement et la continuité des habitudes et des impressions que l’on a ici (après deux jours on a l’impression de ne jamais être reparti)…le ghana est d’après beaucoup de voyageurs, moi le premier, un pays où il est difficile de se sentir ‘chez soi’. Mais comme l’a dit un ami sans racine, ‘on se sent chez soi là où il y a des amis’. Et ma première soirée au retour était pleine de célébrations, avec la ‘famille d’accueil’ et avec les potes internationaux (la bipolarité est tjs présente), alors on se sent tout de suite un peu chez soi, c’est vrai…
Maintenant je suis de retour au ‘village’, mais pour très peu de temps, j’émigre un peu plus au nord dans quelques jours, j’espère avoir internet pour continuer à vous faire part de mes aventures…
Et bonne année, profitons-en!
Ha! une dernière chose a changée...le niveau de l'eau du lac Volta, depuis les inondations en afrikdelouest que vous savez, a baissé. Vous vous souvenez du tracteur? Il est à nouveau sur la terre ferme. Je joint qques photos de la traversée et le reportage Thalassa de la semaine (en sepia).
lundi 7 janvier 2008
Le merveilleux royaume du Cameroun
Ce Royaume a un roi, cela semble tout naturel.
Depuis 25 ans,
La population, toujours travailleuse, sent le roi loin, dans son beau Palais de cette colline de la ville. Mais, toujours vaillante, elle avance seule, à côté de ses fastes.
Bientôt, le roi devrait partir. C’est ce qui est écrit dans le beau contrat qu’il a signé voilà dix ans avec ses sujets. Ô bien sûr, il est également écrit dans ce contrat que les sujets sont représentés par une Assemblée supplémentaire que le roi n’a pas encore créé et que des juges seront spécialement nommés pour veiller à l’application dudit contrat, ce qui n’a pas été appliqué non plus.
Alors le roi a décidé encore une fois de parler à ses sujets, sans pour autant leur accorder de lui poser de questions, comme il est de coutume. Il voulait remercier ses sujets fidèles, ceux de son fan club (le roi est moderne), de lui avoir, depuis bientôt deux mois, demandé de rester (des mauvaises langues prétendent que c’est sur sa propre demande) et donc de changer le beau contrat. Et comme le roi n’aime pas contrarier ses fidèles, qu’il confond trop facilement avec ses sujets, il a annoncé son intention de changer le beau contrat, invoquant la « volonté » des sujets, qu’il ne faut jamais contrarier.
La population avait pourtant demandé au roi de partir, il y a 15 ans. Mais, à l’époque, l’ouïe du roi était moins fine, il avait mal entendu et, par précaution, était resté.
Il a bien fait, car la population n’a jamais répété cette « volonté ». Elle est travailleuse et vaillante, mais un peu endormie. Elle s’en sort mal et comprend trop bien pourquoi. Elle sait le Royaume riche, de nombreuses richesses. Elle sait que le roi les distribue. Mais elle sait aussi que ce n’est qu’à ses courtisans, à leurs familles et villages. Elle sait que derrière les beaux contrats se cache des règles qui n’appartiennent qu’au roi et à ceux qui ont eu un jour les moyens de les apprendre. Ces règles-là organisent le partage des richesses et des pouvoirs.
Mais la population travaille, difficilement, sans pour autant contester. Et pour arranger son quotidien, elle se crée également des règles cachées. Elles lui permettent, par exemple de racketter ses frères, alors même que les beaux contrats les interdisent. Et peut être que cela est plus simple pour suffisamment vivre, quand on voit que le grand gâteau est suffisamment grand mais réservé à quelques uns.
Pendant ce temps-là, une nouvelle année commence. C’est à cette occasion que le roi a fait son annonce. C’est aussi à cette occasion que le bal des courtisans se poursuit. La reine est aussi de la partie. Et les courtisans se succèdent, sur l’écran de la télévision de son mari, pendant près de deux heures, pour lui offrir bouquets de fleurs, bises et poignées de main.
La population n’est peut être plus très vaillante, lassée de ce spectacle burlesque. Le dégoût s’est installé, depuis quelques temps déjà.
Mais l’exemple d’une contrée plus à l’Est, où le peuple se déchire, est mis en avant pour mettre en garde la population du Royaume : là bas, certains ont voulu changer de roi et, tous n’étaient pas d’accord. Il vaudrait peut être mieux garder notre roi, alors, veut-on faire croire à la population.
Elle n’est pourtant pas dupe. Elle ne bouge pas mais n’est pas dupe. Elle bouillonne car, pour elle, ne pas avoir de part du grand gâteau, cela signifie simplement subir des coupures d’électricité et d’eau, très fréquemment. Cela veut dire payer des fonctionnaires corrompus pour obtenir le moindre papier administratif, qui autorisera la moindre activité et parfois la moindre liberté.
Et pendant ce temps-là, le roi lui souhaite une bonne année et lui en promet bien d’autres en sa compagnie. Et le bal des courtisans continue. Grotesque et obscène.
J’aimerais pouvoir souhaiter une bonne année aux Camerounais et je le fais, sans grand espoir.
Je vous en souhaite une en tout cas. Qu’elle apporte encore expériences riches et variés aux expatriés actuels et futurs et qu’elle soit riche de bonheur et de projets réalisés et irréalisables pour tous.
Promis, je reviens, plus simplement, avec des récits et photos de voyages très bientôt et je ne vous embête plus avec mes obsessions politiques camerounaises.
jeudi 3 janvier 2008
Et allez!
je joins le geste à la parole en vous indiquant cette vidéo du tube de l'été au Costa Rica ( bah oui ici c'est l'été, d'ailleurs le premier de l'an sur la plage c'était sympa, mais c'est une autre histoire )
Vous avez vraiment de la chance que je ne trouve pas sur le net la chanson de noel local qui vaut vraiment le détour...
Pour en revenir à des choses plus sérieuses, je me dois de vous faire partager ma dernière claque. Je pari que tout le monde connais déjà et que je suis trop "has been" mais peut importe. D'aucun diront que je ne suis pas à la pointe et pourtant on y était avec mon frère, une preuve?
Donc la claque en question c'est Keny Arkana, du très bon hip hop enragé, un flow de batard (comme on dit dans le milieu) et des instrus bien carrées et efficaces. Le flow s'adapte parfaitement aux textes qui sont très incisifs et souvent assez justes, pas trop caricaturaux je trouve. J'étais super content quand mon petit frère m'a fait écouter ça, ça met la pêche et ça réveil pour la journée. Ca parle de la france, du Chiapas, de l'Argentine et de plein d'autres trucs et ça fait du bien entre un Sinik qui chante en homophobe et des Snipers etc qui rappent pour la thune et les strings ça réconcilie avec le rap français.
Pour vous faire une idée:
Le Clip de La Rage
Le site officiel
Et si vous avez une heure allez voir ça, c'est une vidéo de l'appel aux sans voix que fait la chanteuse, ici aussi ça parle du Chiapas, de l'Argentine, des Philippines, de l'Inde et de la france aussi et c'est pas mal.
Hasta luegos maes.
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Listening to: Keny Arkana - La rage
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Listening to: Keny Arkana - Jeunesse du monde
mercredi 2 janvier 2008
mardi 1 janvier 2008
Pas dans la tête!
Bon, je voulais en principe écrire un truc sur mon voyage au pays des pinguins et des terres merveilleuses de la Patagonie, et un article sur mon bref passage à Zanon, fabrica sin patron y bajo control obrero, mais la chaleur écrasante du mois de janvier à Buenos Aires (hier 36° à l'ombre) me ramoli un peu le cerveau et la motivation.
Alors, je vais faire un truc simple et léger, juste une petite anectode en passant.
Pour le 31, en Argentine comme partout, tu sais pas trop ce que tu vas bien pouvoir foutre de ta soirée avant 9, 10 heures du soir. D'autant plus que comme ce fût le cas pour Noël, il fait tellement chaud ici que j'avais du mal à me rentrer dans la tête qu'on était en période de fêtes. Normalement c'est le début des premières neiges...pas vraiment la même temporalité ; ) .
Bref, j'avais déjà passé Noël à la plage, autour d'un barbeuk avec des amis. Ils avaient tiré quelques pétards pour marquer le coup, me disant que c'était une coutume locale pour les fêtes. Ca m'avait pas vraiment marquée, on étaient dans un petit parque, y avait des arbres, ont voyait rien. Soit dit en passant, pour ceux qui sont en train de claquer des dents et qui commence à s'énerver de mon mail, le lendemain, le p'tit Jésus m'a punie, j'ai pris le coup de soleil de ma vie et une semaine plus tard j'en subit toujours les conséquences.
De retour à Buenos Aires, je croise dans la rue une affiche qui selon moi résume bien la mentalité Argentine. C'est une affiche du gouvernement de la ciudad de Bs As, on y voit une môme a moitié défigurée qui a perdu un oeuil et dont le reste du visage n'est pas en meilleur état. Et au dessous ce sous-titre en gros "ne tirez pas de feu d'artifices". Mais bon, comme au gouvernement de la cuidad ils sont pas cons, qu'il savent que t'as beau dire ce que tu veux à un argentin, si il a envie de le faire il le fera, surtout si ça se voit, que ça fait du bruit et que les filles lèvent le tête en fesant haaaaa, ils ont rajouté, en plus petit le sous titre suivant : " si vous le faites [quand même] ne les tirez pas en direction du visage des autres". Merci du conseil.
Donc comme avec ma pote on avait rien de prévu avant l'électro party de 5 heures du matin, mon proprio nous a invitées a un brindi chez un des ces potes. Le type vit à Londres, travail dans la musique, nous fait écouter son album loung pas dégeux. S'en suit à table un débat entre les convives qu'en général je déteste: "Y a-t-il des pauvres en Europe?" Mon premier réflexe est de répondre que oui, faut pas réver, c'est pas le paradis sur terre. On me demande donc si y a des gens qui meurent de faim, qui font les poubelles comme les cartonneros et qui vivent dans des villa misere. Ah ben non...Bon ben, y a pas de pauvres! Je m'en sort à l'arraché disant que c'est un model excluant et donc pas a suivre à la lettre. Je convainc pas vraiment. Et vous vous en sortez comment dans ces cas la??
Bref, comme de toute façon mes hôtes ne sont pas concerné par la pauvreté, on monte sur la terrasse de l'immeuble, ancienne fabrique de conton dessinée par Le Corbusier et richement réaménagée. Sur le toît on trouve un bar privé, une piscine, une sorte de petit parque avec des arbres et une vue imprenable sur Buenos Aires. Il va être minuit. La terrasse est blindée, les gens trinquent au cidre (!), je m'appuie à la balustrade, et la ville commence à s'embraser. De tous les côtés et de tous types des feux d'artifices commencent à exploser. C'est merveilleux. On me demande si ça se fait en France aussi. Ben non, nous en France on se caille les miches, on reste chez soi et de toute facon si tu tires un feu d'artifice dans la rue ou de ta terrasse, tu te ramase une amende que tu sens bien passée. Mais ici rien à voir. De la manière la plus sauvage (et dangeureuse) qui soit les feux d'artifices sortent de partout, illuminant tour à tour les différents édifices et quartiers, ça dure 30 bonnes minutes. C'est de l'hallu, c'est magique.
Ce que j'aime ce pays....