Le gouvernement ethiopien ne laisse pas accès aux blog depuis son pays d'après ce que j'ai compris donc je vous transmet le message de Clélie qu'elle m'a envoyé par mail :
Merci pour ce magnifique écho sur les femmes indiennes,
voici quelques morceaux de vie de femmes éthiopiennes, femmes presque inaccessibles pour la petite blanche. Petite blanche, qui pour elles, semble beaucoup trop proche de la prostituée. Petite blanche qui déteste ces femmes qui ne la laisse jamais tranquille par leurs regards, ricanements ou paroles. Qui les déteste souvent mais les admire profondément... admire leur force, leur force a toute épreuve.
Ethiopie, portrait de femmes, paroles
1er tableau: feux d’artifice
”What do you want to drink? Do you want to eat something? Whatever you need, tell me, euchi?”
Notre premier contact ; parfaite petite femme d’intérieur… «Ma maison est la tienne, sister », mais surtout reste sur le canapé, je m’occupe de tout…
Plus tard je découvre qu’en débarrassant mon assiette, je la déshonore même…
Elle est belle, souriante, toute fluette. Menue avec un ventre rond, rond de 6 mois.
Feux d’artifice, éclats de rires, rires d’enfants, c’est l’anniversaire de la petite, la princesse a trois ans.
La fille de son mari fête ses trois ans. Eux ont fui la mère, mère prostituée, mère qui les maltraitait.
Résurection, la petite a trois ans, une nouvelle maman, une nouvelle vie, enfin. La maison sent bon l’injera, les feux d’artifice sont lancés…
Magicienne du bonheur, son rôle lui va a merveille, elle n’en fera pas un écart de la journée… feux d’artifice.
Invités repus, petite approvisionnée en câlins, maris en bières, sourires a volonté.
Le soir, dans ses sourires, elle laissera la gente masculine s’en aller vers la vie nocturne. Discretement, elle me demandera de rester avec elle. Petite souris souriante…
Soirée seules, soirée féminine ; 8 bières, 2 paquets de clopes.
22h : Confidences : sa famille a rompu tout lien avec elle depuis qu’elle vit avec cet homme, cet homme farenge, qui n’est même pas si riche. Solitude, solitude de la ville.
22h30 : elle aussi se sent farenge dans cette ville. Ville où l’on parle amharique, le tigréen familial appartient décidément au passé, le bafouillage au présent.
23h : Sanglots : « je ne peux pas laisser mon mari et sa fille, ils ont déjà tellement souffert dans le passé ».
minuit : apogée : je lui promet de ne jamais décider de vivre en Ethiopie, elle arrête de pleurer.
Apres minuit, nous ne parlerons plus que crûment du sexe et des hommes.
2 heure du mat : Feux d’artifice.
Arrivée du feminisme ?
« moi aussi, je peux cuisiner de l’injera !, tu me crois pas ?»
Copain homme
2eme tableau : mariage rouge
Elle est rouge, toute rouge quand elle se marie.
Elle est debout sur une table, raide dans sa grande robe blanche.
Parfaitement aligné, sur cette même table, son mari est figé. Ils sont grands, perchés, perdus dans un grand cérémonial.
Signal musical,
Agite les mains en l’air.
La musique s’accélère,
Prends la main du mari, glisse le couteau entre les mains conjugales et agite le devant la foule
La flûte entre en piste,
Coupe le gâteau d’une ligne droite. Non, ne lâche pas la main du mari !
Fausse note du clavier,
Heure de nourrir les demoiselles d’honneur, et en rythme.
Les chanteurs s’excitent,
Et une bouchée pour le mari
La trompette s’en mêle,
Non mais ouvre la bouche, c’est ton tour!
Cacophonie totale,
Tenir son verre penché, pencher les autres verres, faire boire le mari, les demoiselles d’honneur, mais non les garçons, et le mari, oui, maintenant le mari, maintenant ! Mais non, croise le verre, croise le, oui, voila, comme ça !
Sur les planches, la mariée a ses souffleurs, elle ne s’en sortirait pas sinon.
Solo de clavier,
Echange des alliances. Unique regard vers son mari depuis le début du cérémonial, regard furtif, regard timide, regard ?.
Apogée du cérémonial,
Premier baiser en public depuis leur vie de couple, les lèvres de son mari lui effleurent le front.
Elle éclate comme une tomate.
« le jour où tu nous rapporteras des sous, reviens, mais là on en perd a cause de toi. Alors dégage, ou prostitue toi ! »
Paroles d’une prostituée à une farenge qui se trémousse ; Addis by night…
Un dimanche à la campagne
Un dimanche à la campagne.
Les femmes travaillent aux champs,
Les hommes catent à l’ombre d’un arbre.
Classe moyenne émergente éthiopienne ?…
Tu attends qu’elle veuille bien redresser sa tête, tu ne sais plus quelle position adopter, tu te tiens droite pour te donner une contenance. Assise derrière son bureau, elle finit par te jeter un regard, tu en déduis alors que tu peux répéter ta question.
De son bureau, elle hurle les noms des personnes qui viendront à elle.
Elle arrive en voiture au travail.
Le gardien qui lui ramène un verre d’eau, lui, n’aura même pas le droit à un regard.
Sa maison en construction depuis bien longtemps demeurera encore inhabitée cette année, le prix du béton augmente tellement…
Conseil de farenge à farenge :
« Ne fais pas comme moi, ne décide jamais de vivre en Ethiopie. Ici, je suis soit un sac à fric, soit un sac à foutre, ça dépend des saisons! »
La forme diffuse
Moi, je suis une forme diffuse ! Corps de fille, je me comporte comme un mec. Je suis indéterminée. On se comporte alors sans limite avec une forme diffuse…
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1 commentaire:
cool ton message clélie !
c'est assez fou que tu puisses pas accéder à ce genre de blog...
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