mardi 22 janvier 2008

Argentine, Deux semaines, la langue rapeuse.

Oui ça fait déjà deux semaines que je suis arrivé en Argentine et que je suis installer dans la chambre d'à côté de celle de Po et Non je n'ai toujours pas eu ( ou pris ) le temps d'écrire un message, pourtant c'est pas le contenu qui manque.
Je m'y met donc :

Sortie de l'avion, Pauline arrive avec Clément à l'aéroport, surprise, je n'attendais pas Clément si tôt.
Bonne soirée mise en bouche, on rentre, un maté ( ça brule mais c'est bon ) j'ai la langue râpeuse à cause de l'eau chaude et de la paille en fer du coup pour apaiser tout ça on sors les bouteilles de Quilmes, la bière d'ici.

Deuxième jour, découverte du Bauen, hotel récupéré, et de tout les gens que Pauline connait là bas ( quasi tout le monde donc...)
Le lendemain on va à Chilavert avec Po, premier contact avec le monde des entreprises récupérées. Pour ma part je suis un peu timide et impressionné mais c'est super chouette comme endroit.

Dès le 3eme jour Juan, mon maitre de stage, le président fondateur de l'asso dans laquelle je bosse, nous dit que nous allons à Pigüé du jeudi au lundi soir, du coup on y va. Au début Po était super contente d'aller là bas mais au final elle s'est rendue compte que c'était pour bosser et du coup elle à trouver toutes sortes d'excuses pour laisser sa place à Clément =) Elle se défile donc en disant que ses parents la réquisitionne pour aller visiter une très très jolie région de l'Argentine... On part donc avec Clément pour Pigüé, petite ville à l'Est de la province de buenos aires pour repeindre des bureau dans la fabrique de Textiles Pigüé CTTP pour Cooperative de travail textiles Pigüé.



Au programme, rencontres, fiestas et peinture évidement. On apprendra assez vite avec Clément que Juan n'a pas d'horaires fixes et que rien ne l'arrête, même après une bonne soirée, couché à 3h du mat, il se lève à 8h du mat pour faire de l'enduit... nous on suit le rythme avec peine et de loin mais on bosse quand même.

La fabrique est une entreprise récupérée par ses travailleurs à la suite de la crise de 2001 qui emploie actuellement 120 personnes, ce qui n'est pas rien. Les gens sont tous très heureux de discuter avec nous, d'échanger et de nous raconter comment se passe le travail sans patron. A la question " Comment c'est d'être président d'une coopérative?" ce dernier répond "un quilombo" ( un sacré bordel, cf post de Po sur l'argot argentin ) ce à quoi je m'attendais...
Une fois le travail fini, au bout de 4 jours, nous quittons la fabrique sous un soleil ardent et un ciel bleu magnifique pour rejoindre une autre entreprise à Bahia Blanca, ville côtière un peut plus à l'Est de la province.
On quitte donc ça :



Pour arriver ici :




Le fait qu'on ne soit pas ici pour bosser ( enfin Juan avait quelques trucs administratifs à faire mais nous on ne pouvais pas aider ) nous à laissé le temps de discuter beaucoup avec beaucoup de gens là bas et beaucoup entre nous. L'histoire de ce frigorifico comme ils disent ( qui en fait est un abattoir avec des chambres froides pour stocker les bout de bidoches une fois découpés. ) est très impressionnante. Contexte de la crise de 2001 toujours, le patron se barre avec des mois d'arriérés de salaires, les gens se retrouvent sur la paille pendant que les banques leur expliquent gentiment que les maigres réserves qu'ils y avaient placé ont disparues. Après quelques discutions en fin de réunions syndicales ils décident d'entrer dans leur entreprise et de l'occuper jusqu'à ce que le patron paye les salaires qu'il doit. Un an et demi d'occupation sans électricité ni eau ( en hiver au bord de la mer il fait vraiment froid ) et surtout sans revenus. Les 600 km qui les séparent de Buenos Aires les coupaient de tout contact et de tout soutient de la part des autres entreprises récupérées ou occupées. A cela s'ajoute l'opposition à leur méthode du syndicat de la viande qui brasse tellement d'argent dans cette zone qu'il est devenu une véritable mafia. Les tentatives d'intimidations sont nombreuses mais la non distribution d'une indemnité de 20 000 pésos donné par le bureau national du syndicat fait exploser la situation. Les occupant du frigorifico tentent d'entré dans une réunion publique du syndicat ( à laquelle ils ont accès normalement donc ) mais se font repousser, ils acceptent la proposition de la direction du syndicat d'une réunion spéciale après la réunion publique, une fois entré ils se font encerclés par une douzaine d'hommes armés... La situation se résout par un coupage de tout lien entre les travailleurs et le syndicat. S'ajoute à cela la police qui essaye à plusieurs reprise de les déloger.
Le patron ne donnant aucun signe de vie, après discutions avec des gens de Buenos Aires, l'idée de se diriger vers un retour à la production est votée. Ils produisent aujourd'hui depuis 5 mois et ça à l'aire de bien commencer.

Le soir, on à discuté pas mal de temps avec un des travailleur et c'était vraiment magique, j'essaye de vous transmettre les aspects qui m'ont le plus marqués mais c'est pas facile et je pense en oublier plein.
Le type à 57 ans aujourd'hui, quand l'occupation a débutée il en avait 55, l'age légale de la retraite ici et face à la situation il a préféré vivre cette lutte que prendre sa retraite... ça fait réfléchir. Lui même dit que c'est pas facile de s'adapter à l'absence de patron, qu'il a voulu la vivre cette lutte parce que sinon il n'aurait jamais compris pourquoi les autres le faisait, qu'avant il les prenait pour des fous tout ces révolutionnaires avec leurs drapeaux dans les manifs mais que maintenant il a compris que quand la dignité est en jeux il n'y a qu'un seul moyen de la retrouver c'est de lutter. Il est partie d'une expérience génial à laquelle il a sacrifié sa retraite sans aucun regret, il en est très fier de ce qu'ILS ont fait EUX, ce nous si fort et si fragile. Mais il à peur aussi, enfin pas peur mais il est anxieux et plutôt dubitatif quant à l'avenir. Les jeunes ont du mal à intégrer le fait que travailler sans patron c'est travailler pour tous, pour soi et pour tout, que du coup on ne fait pas de crasse à ses collègues et qu'il faut que chacun mette la main à la pâte pour retaper son lieu de travail qui se change en lieu de vie. C'est pas évident de réaliser, surtout quand on a pas occuper l'usine, qu'on est arrivé après, qu'en allant travailler on ne va pas juste travailler, on va créer, on va agir pour ce NOUS qui à rendu tout ça possible.

La transition aux plus jeunes et aux extérieurs semble être l'aspect le plus préoccupant dans tout ça...

PS: Sans les fautes d'orthographe c'est mieux ... ( Po m'ai aidé pour corriger )
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Listening to: Brigitte Bop - Les Gueux


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Listening to: Muz'nouch - Autogestion

8 commentaires:

doudou a dit…

Bon il manque un paquet de trucs que je voudrai vous transmettre mais c'est pas facile à l'écrit, je vais devoir vous raconter tout ça en revenant.
Bien sur c'est loin d'être simple la situation ici, c'est subtile mélange de nécessité créatrice et d'idéologisation sur le tard, d'action concrète de d'effets théoriques et idéologiques. Autant dire que les questions fusent, que les réflexions se développent, et que l'idée fait du chemin. On s'est bien fait fondre le cerveau avec Clément et ça fait un bien fou. Même si on tombe parfois de haut, l'espoir ne meurt jamais.

sarahalaconfiture a dit…

ça le fait ta conclusion/ouverture à la science po...
sourire. ok, je me moque...

non sérieusement il est bien cet article. il est comme tout rempli de ton admiration et de ton émotion, mais retenus, derrière les efforts pour nous faire partager ça.. (phrase à rallonge, sans queue ni tête..)

et ça marche... ça donne envie de venir voir...
non, en fait ça donne plutôt envie de faire péter tout ce qu'il y a ici, pour expliquer aux indiens que le capitalisme triomphant c'est pas une fin en soi...
qu'on peut essayer autre chose.
je sais pas trop combien tant il faudra... je crois que les indiens risquent de mourir asphyxiés dans leur Tata Nano avant de réaliser ça...
quel pessimisme sarah...
alors vive les touches d'espoir à l'autre bout du monde!
profitez bien les amis.

Vivien a dit…

moi je trouve qu'il manque une mise en introduction...je ne comprends pas ce que tu fais la bas!? stage court? pourquoi au milieu de l'année scolaire? grandes vacances?

doudou a dit…

Ha pardon, c'est vrais que ça peut paraitre incongrue à ceux qui ne sont pas au courant. Je suis en Argentine pour faire mon stage court dans l'asso dont je parle dans le post, et j'y suis effectivement en ce moment parce que ce sont les grandes vacances en Amérique latine ( bah oui c'est l'été ici ) Je reprends les cours le 3 mars au Costa Rica donc je rentre une semaine avant histoire de me trouver une chambre et de m'inscrire aux cours.

la situation s'éclaire?

Et content de vous faire partager mon enthousiasme =) c'était le but, et qu'il soit nuancé aussi, vu que c'est exactement ça qui me trotte dans la tête

Anonyme a dit…

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