jeudi 19 juin 2008

De la Gorge du Diable au Val du Paradis

Les espagnols, en plus d'avoir pillé et asservis politiquement, socialement et culturellement l'Amérique Latine, a dépossédé des noms indiens certains des plus beaux lieux du monde, leurs affublant des noms religieux mais parfois aussi poétiques (à la limite de la grandiloquence) qui la plupart du temps donnent plus envie de rire que de méditer (ce à quoi invitait le plus souvent les noms Mapuche, Guaranis, Quechua et autres).

J'ai donc visité entre autres, dans le nord de l'Argentine, "port espérance", sur les bords du fleuve Parana, 5 rues, 2 épiceries et des bandes de jeunes qui zonaient et dont apparament la seule espérance était de se tirer rapidement et un port inateignable, ni en voiture, ni a pieds en raisons des fortes pluies, monnaie courante dans la région. Dix kilomètres au Sud, se trouve le joli village de "port liberté", avec son unique embarcadère et ses deux seules lignes de bus qui passent par là pour le desservir. La "Gorge du Diable", merveille des merveilles (une des premières relations mystiques que nous avons eu, la nature et moi, jusqu'au fond des mes tripes), elle, mérite bien son nom, parce quand t'es au dessus du gouffre t'as qu'une envie, c'est de t'y jeter. Dégustez plutôt:


Mais bon là tout ça c'est déjà un peu vieux (2 mois, quand il fesait encore chaud!), je suis ensuite retournée terminer mon stage dans la ville de "Sainte Marie des Bons Aires", ça:

ou ça, http://i261.photobucket.com/albums/ii61/leito1979ar/momentos/100_1669.jpg
lors des trois semaines où, à cause des feux des paysans de la province du Nord qu'ils ne contrôlait plus, on ne voyaient pas à 200 mètres en raison d'une épaisse fumée. Les touristes ont du croire qu'on se foutait de leur gueule et les potenos n'ont pas dit grand choses parce que pour une fois Kristina, on en est sûr, n'était pas dans le coup.
Je vous met juste le lien parce que je n'ai pas les droits!

Et pourtant c'est bien à regret que j'ai quitté Buenos Aires, il y a une petite semaine déjà. J'ai laissé derrière moi mes amis, mes amours et mes emmerdes comme dit la chanson, une petite vie quoi. Et ça fait tout drôle, j'ai pas encore bien bien réalisé je crois. Ce peuple à la fois très fier et orgueilleux tout en étant très peu sur de lui et de son avenir et dont, je vous contait il y a quelques mois mon amour, va me manquer.
Mon départ à été, je pense, facilité par la promesse solennelle de mon retour une fois mes études finies. Les gens m'ont donc dit: "Hasta luego companera, que te vayas bien, suerte, nuestra lucha sigue aca, y ahora en Francia" (Au revoir compagnonne, bonne chance, notre lutte continue ici et maintenant, en France). J'ai promis, sans faire de vague (je commence à m'habituer à pas trop en faire face à la détermination des argentins), de faire bien attention aux chiliens qui, pour une raison que personne ne connaît exactement, seraient dangereux. Rien que ça! J'ai pas vraiment bronché parce que je sais que cette croyance n'est que le résultat de décennies de propagande contre le pays voisin de chaque côté des Andes de la part des deux gouvernements pour exacerber le sentiment nationaliste.

Le seul truc un peu dur à été de quitter l'hôtel BAUEN. Pour Chilavert, le petit atelier d'imprimerie où j'ai travaillé pendant un an, pas trop de soucis, je sais que quand je reviendrai sonner, on m'ouvrira comme on m'a ouvert tout au long de l'année. Au BAUEN, c'est pas vraiment la même, quand je suis venu dire au revoir, on m'a dit que dans l'aprèm était arrivé l'ordre de délogement, ils ont dix jours pour quitter l'hôtel, de gré ou de force. Retour à la même situation qu'il y a un an, quand je suis arrivée, sauf que là, plus de possibilité d'appel en justice. (Cf post "el B.A.U.E.N. es de todos" d'août 2007). Mais bon je maintient le contact, jusque là rien d'anormal, le jour J est dans 4 jours.

Malgré ça, malgré les amis et la vie que je laisse là bas, je suis partie pour le Chili, m'embarquer dans une nouvelle aventure. Dans la ville de "Val du paradis" dont je ne connaissait rien avant d'arriver de Santiago en bus.

Valparaiso est une petite ville coincée entre un port de pêche en pleine industrialisation et des collines pleines de petites maisons colorées. C'est une des villes patrimoine mondial de l'humanité et lieux de rencontre de la bohème culturelle, artistique et activiste du Chili. Mais ici, l'idée de bobo n'existe pas (sauf peut être un peu sur la "colline joyeuse"), les petites maison collées aux collines ("colline du papillon, colline de l'espérence, colline du baron,...") sont faîtes de bric et de broc et paraissent mal supporter l'hiver qui est bien rude cette année. Je me suis installée dans un grand appart, juste au dessus de la place Équateur, centre des allées et venues nocturnes de la Bohème de Valpo. Il abrite trois autres personnes, un atelier de peinture, un de sérigraphie et les deux Mac imposants de la dessinatrice graphique et du développeur de projets d'énergie alternative qui vivent ici. Je me demandait bien pourquoi il caillait tant que ça dans ma chambre, les mouvements des rideaux m'ont indiqués la fenêtre cassée et jamais réparée, il va falloir s'habituer.
Les habitants de Valpo, sont de plus en plus pauvres à mesure que l'on monte dans la colline. C'est la ville la plus pauvre et avec le plus haut taux de chômage du Chili.

Mon stage consiste en bref, en l'organisation du Forum Mondial du Savoir Appliqué, qui aura lieux du 21 au 24 juillet à Valpo. L'idée est de faire venir des gens pour croiser des projets aussi bien d'énergie alternative, d'ingénierie de l'autogestion, de coopérativisme, de droit alternatif, éducation autonome et médias alternatifs...pour qu'ils puissent être appliqués directement aux populations des collines dans le but final de monter une commune autonome. Pour plus d'info (un peu de pub n'a jamais fais de mal à personne, surtout pour un projet aussi simpas!) je vous invite à faire un tour sur le site, fraîchement traduit en français et à diffuser: foromundial.ulibre.org

J'ai donc été reçu à la gare par Jaime Yovanovic, alias el profesor J et accessoirement mon responsable de stage. Sa bio est impressionnante, il commence à se politiser en présidant l'asso des étudiants de l'université Catholique où il étudie la sociologie, puis en devenant le porte parole des jeunesses révolutionnaires de la même université. Il sera activiste du MIR sous le gouvernement d'Allende, puis fera le choix de la lutte armée contre la dictature, il quitte le MIR en 88 et pars en exil dans la clandestinité, en France notamment. Sourires quand je lui demande où il se cachait, Paris, je n'en saurais pas plus. Il passera quelques temps à Cuba, y obtenant son diplôme d'avocat, puis en Afrique en travaillant directement dans les quartiers les plus défavorisés, sans l'appui d'une ONG, raison pour laquelle il sera plusieurs fois détenu, notamment en Afrique du Sud, pour activités d'espionnage supsonnées. Il est de retour au Chili depuis cinq an. Au premier abord, je me dit qu'on va bien s'entendre, ça l'arrange que je parle fort, étant sourd d'une oreille et s'aidant d'un sonotone pour l'autre. Ce trait physique m'a fait vachement moins marrer, quand en croisant un militaire de la marine dans la rue il m'explique: "Eux quand ils me voient, ils me reconnaissent, ils savent qui je suis, moi je les regardent pas, je fais comme si je m'en foutait, parce que se sont eux, les marins qui m'ont torturés dans un bateau aux premiers temps de la dictature. Ils m'ont battus et m'ont balancé de l'électricité dans le corps, c'est là que j'ai perdu 80% de mon ouïe".
Le professeur J donc, depuis que je suis là, me balade de réunion politique en discussion avec des collectifs, pour former le forum.

Le lendemain de mon arrivée, nous sommes allés voir Miguel, coordinateur des radios communautaires de la 5ème région (celle de Valpo). Il transmet ses émissions debout, dans un tout petit appart, plein de documents qu'il ne peux pas ordonner parce qu'il a pas l'argent pour se payer une étagère. Il fonctionne toujours avec des cassettes audios et deux tournes discs. Je suis chaleureusement invitée à venir participer à une émission.
On a discuté avec des étudiants des facs de droits et de journalisme qu'il faut encore convaincre et avec un collectif d'étudiants en filière techniques qui ont un projet d'accompagnement techniques des initiatives menées dans les collines vraiment sympa.
Ce matin quand je passe le chercher pour les activités du jour, je tombe nez à nez avec trois types un peu bizarres au premier abord. Le premier, tout dragueur que tu vois arriver à miles est philosophe politique, il a beaucoup développé la théorie des agences pour ceux qui se rappellent vaguement de leurs cours de 2ème année. Le second est ingénieur informaticien. Le troisième personnage qui porte bonnet, mitaines et barbes prolixe à tout du pauvre bougre. J'apprends autour d'un café qu'il est sociologue et que son aire d'investigation est le cyber espace. C'est un des hacker les plus réputé du pays. De fil en aiguille et de questions idiotes en questions idiotes (pour moi l'informatique c'est de la magie) je découvre un monde inconnu. Dans le cyber espace tout est public et il faut faire avec (cf: facebook), les limites sont floues et à mesure que les chercheurs, penseurs ... se posent des questions éthiques sur la toile, les technologies avances. Il est impossible selon lui de critiquer et de vouloir influer sur le monde du net sans être un utilisateur assidu (du coup j'ai fermé ma gueule et j'ai écouté).
Il existe tout un réseau de hackers, les pays les plus avancés étant l'Allemagne, l'Italie et l'espagne depuis des skattes les 3/4 du temps. Un hacker est le plus souvent de gauche et même anar et quand il passe à l'ennemi, il sort de la communauté des hackers. Il est, de plus, "facile" d'entrer dans les système des banques et de mettre tout par terre mais, c'est dangereux et ce n'est pas par ce biais là qu'ils ont décidé d'agir mais bien par la dénonciation et la vigilance. Cette discussion a encore de beaux jours devant elle.

Bref, je suis dans un bouillon alternatif qui fait du bien et qui m'ouvre des perspectives que je n'avais même pas espérées.

Je vais donc bien.

mercredi 18 juin 2008

west Bank..

Il y a une cinémathèque à Jérusalem… c’est chouette, je retrouve le plaisir du ciné…
L’autre soir j’allais donc à la cinémathèque, voir des courts métrages israéliens… Il faisait doux, le soleil se couchait sur les collines de Jérusalem. La cinémathèque est elle même sur une colline, avec une très jolie vue donc… Je me suis arrêtée 5 min, prendre de regarder.
Le paysage est très beau autour de Jérusalem, peut être quelque chose d’une Terre Promise, oui. Les collines couvertes d’oliviers, les petites blanches…
Et puis soudain je L’ai vu. Au milieu de la « carte postale ». Un mur. Le mur. 10 m de haut, et des centaines de mètres de long. Comme une balafre de béton hideuse sur la colline.
Et il y a cette colère sourde qui monte en moi… Des « pourquoi ? »
après seulement quelque temps en Israël j’ai bien sûr quelques fragments de réponses… La paranoïa israélienne, leur vision étonnement faussée du conflit, leur peur constamment formulée en termes de menaces existentielles, les discours sur les terroristes, les rockets….
Mais moi, face au mur, je pense au libre de Badiou (que mon papa m’a prêté), dans lequel il répète qu’il n’y a qu’un seul monde. Qu’il faut s’accrocher à ce principe, encore et toujours, ne pas l’oublier, surtout dans notre monde de murs… C’est tellement rassurant un mur…

Mais un mur ça donne toujours envie d’aller voir ce qu’il y a de l’autre côté.. c’est l’effet que ça me fait en tout cas. Surtout celui-là. Pour aller au-delà des chimères ressassés par les Israéliens ou pour les médias… Voir comment les gens vivent derrière ce mur.
Ce mur est étonnement facile à franchir, au moins pour les citoyens 1ère classe comme vous et moi… Alors vendredi j’ai pris le bus. Pas le bus pour les juifs, le bus pour les Arabes. Le bus pour les Arabes, il passe aussi à Jérusalem, d’ailleurs il s’arrêtent au même arrêt de bus que les bus pour les juifs. La seule différence c’est que dedans il n’y a que des Arabes. Parce que les Arabes n’ont pas vraiment envie de prendre les bus des juifs, qui ne s’arrêtent pas forcément lorsqu’il les voit à l’arrêt de bus. Et puis les juifs n’ont sans doute pas très envie d’avoir des Arabes dans leur bus, parce que c’est bien connu tous les arabes sont des terroristes parce qu’ils n’aiment pas les juifs. Tous ça c’est un peu grossier comme arguments, mais je n’invente rien. Ça met même un peu mal à l’aise tellement c’est simple, et tellement ça pourrait avoir un arrière-goût d’apartheid (même je déteste les comparaisons anachroniques…)
Bref, je prends le bus (mais comme quoi prendre le bus peut être très chargé politiquement). Après seulement 5 min de bus le mur est là, tout près, encore plus laid que la dernière fois. Le bus longe le mur un petit moment. Puis arrive un check point.
C’est drôle parce que les check point dans les films ça a toujours l’air d’être au milieu de nul part, et très sauvage, et très dangereux. En fait le check point ça ressemble à un péage d’autoroute. Sauf qu’il ne faut pas tendre la monnaie au monsieur, mais son passeport au soldat.
Après 5 min supplémentaires de voyage (nous sommes donc à 10 min seulement de Jérusalem !), on arrive à Bethlehem…
Je suis l’ami avec qui je voyage et qui est déjà venu à Bethlehem. On marche pendant quelque temps, puis nous arrivons dans la vieille ville. Toutes les rues et les maisons sont impeccablement rénovées. Comme en attente des touristes. Mais il n’y a pas de touristes. Il n’y en a plus depuis la seconde Intifada. Quelques uns seulement, quelques chrétiens en pèlerinage, qui viennent à bord de cars bondés, restent quelques heures, visitent les églises, achètent quelques souvenirs, puis repartent. Alors dans la ville la moitié des boutiques sont fermées, et on croise pas mal de gens, qui attendent que le temps passe, qui attendent que quelque chose se passe… On arrive dans une petite boutique de souvenir pour boire un café. Ici, les gens attendent. Il y a une petite vieille, et un homme d’une trentaine d’année. La discussion s’engage, et prend vite une tournure politique. De quoi parler de toute façon, quand il ne se passe rien, dans un pays où tout est nécessairement politique ?
Mon ami fume des clopes dégueulasses… Les moins chers d’Israël… Celles qui sont distribuées dans les prisons et à l’armée. Il en offre une à notre hôte, qui évoquent les années de prison après la première et le seconde Intifada…
Puis on part se promener… On marche pendant quelque temps, et puis soudain, au bout de la rue, le mur… Une immense porte en métal, un mirador.. On marche le long du mur pendant un petit bout de temps. Sur le mur de graffitis, certains célèbres, et immenses, d’autres anonymes, dans toutes les langues. Parfois stupides, parfois sans intérêt, mais souvent émouvants.
Ce qui est étonnant en fait c’est que ce mur n’est pas « efficace »… il n’est pas réellement construit en continu. Et surtout il n’est qu’un petit bout du dispositif de « sécurité » mise en place par Israël : check points à l’entrée des territoires palestiniens, mais aussi sur toutes les routes du territoire, contrôle d’identité, barrages, etc.
Ce mur a surtout une charge symbolique. D’abord parce qu’il dégage une sacrée violence symbolique à l’égard des palestiniens. Mais aussi ironiquement parce qu’il rend ces derniers encore plus effrayant aux yeux Israéliens (quelque chose comme : « s’il y a besoin d’un aussi grand mur, c’est qu’ils doivent vraiment être dangereux). Et enfin parce que d’une certaine façon, il fait apparaître l’idée d’une frontière dans les esprits, ce qui n’est pas anodin, puisque ça signifie l’existence d’un état…
Le lendemain nous sommes allé à Ramallah. Ramallah est très vivante, contrairement à Bethlehem, car elle abrite beaucoup de Palestiniens en exil.
Ce qui est étonnant c’est que bien qu’à 10 min de Jérusalem également, Ramallah fait vraiment partie d’une autre culture. Alors qu’Israël est une sorte d’enclave occidentale, presque américaine au sein du Moyen Orient, les villes palestiniennes reflètent beaucoup plus l’image que je pouvais avoir des pays « arabes ». Les vieux Palestiniens buvant du thé à la menthe, jouant au carte et humant la shisha dans les coffee shops, et un peu surpris de voir une fille ici… Les touristes sont rares ici aussi….
Un homme m’interpelle : « Are you american ? » Je lui réponds que je viens de France. Il e demande si j’ai vu de la violence ici.. Je réponds non, et c’est vrai... il y a des soldats ici, un peu partout mais pas plus qu’en Israël après tout. Et je n’y sens pas moins en sécurité. L’homme s’exclame, « Vous voyez, la violence, c’est Israël... »

Le lendemain, nous partons pour Jéricho… Le taxi collectif est une énorme Mercedes, 3 rangées de banquettes… Jéricho est à une heure de route à peine, mais il nous faudra traverser trois check points pour l’atteindre. L’attente sous le soleil, la file de voiture. Personne ne s’énerve. La routine, juste la routine.
La voiture roule au milieu du désert… Des immenses dunes de sables et de pierre. On aperçoit les bédouins, qui ont échangé leurs tentes contre des baraques en tôle…

La suite du voyage... Jérusalem

Suite de mon voyage…
Après quelques jours de vacances à Tel Aviv, à me balader dans les rues, sur la plage, et à expliquer que je ne parlais pas Hébreu, et que je n’étais pas juive, j’ai pris le bus pour Jérusalem…
Jérusalem c’est un autre monde… C’est la ville sainte, le lieux historique, disputé et divisé…
Du coup, alors que Tel Aviv est la ville préférée de la jeunesse laïque, Jérusalem c’est le repère des juifs orthodoxes… Et oui ceux avec les petites couettes sur le côté, habillé tout en noir… Et pour les femmes, c’est jupe longue, petit foulard dans les cheveux et collants par tous les temps.
Bref, moins groovy, et moins sexy…
À cause de la présence des juifs religieux, Jérusalem c’est aussi Shabbat tous les samedis. Bien sûr Shabbat c’est pour tous les juifs tous les samedis. Mais à Jérusalem les choses prennent une autre proportion… Pas un magasin ouvert, pas un bus ne circule, du vendredi soir jusqu’à la tombée de la nuit le samedi… Du coup, le but, pour les juifs séculaires comme pour moi, c’est de fuir Jérusalem le vendredi après midi… Vite, vite, prendre le dernier bus et s’enfuir, loin de la folie de Shabbat.
Shabbat, c’est l’interdiction de faire quoique ce soit considéré comme travail. Cela implique ne pas manier d’argent, mais aussi ne pas écrire, ne pas utiliser de véhicule à moteur, ne pas allumer l’électricité (par contre on peut la laisser allumer.. nuance !), ne pas écrire, et je pense que j’en oublie. En gros, on peut manger en famille (ce qu’on a préparé la veille !) et prier… Comme un dimanche très long et pas drôle…
Mais shabbat c’est aussi le marché le vendredi, bondé, grouillant, regorgeant de viennoiseries, de hummus, de pitas, et autres petits plaisirs d’Israël...

Jérusalem c’est aussi la vieille ville avec ses petites ruelles, ses touristes, ses militaires…
La vieille ville de Jérusalem est magnifique, mais plus qu’explosive… D’abord parce qu’elle a été purement et simplement annexée par Israël en 1967, qui a décidé assez arbitrairement d’en faire sa capitale… Mais les Israéliens appellent ça une « réunification », nuance…
Ensuite, parce qu’elle regroupe sur un espace plutôt limité quartiers juifs, chrétiens et arabes… que les uns et les autres se croisent, avec plus ou moins de haine ou de mépris…
Comme ce juif orthodoxe qui décide de prier en plein quartier arabe (à deux d’Al-Aqsa, dont je vous reparle plus tard…) à l’heure de la prière pour les musulmans… Ou cette bande de mômes israéliens, âgés peut être de 10 à 15 ans, et qui crient et mettent de la pagaille en plein quartier arabe, encadré de deux soldats.. Histoire de montrer qu’ils sont chez eux sans doute.
Une petite digression à ce propos... Notre (?) cher président est en visite en Israël... Tous les français expats sont donc invités à la petite sauterie habituelle (ça fait d’ailleurs deux que je rate, n’étant toujours pas inscrit au consulat..). Ce qui est intéressant c’est que ladite sauterie a lieu non pas à Tel Aviv, mais à Jérusalem. Or Jérusalem n’est que la capitale autoproclamée d’Israël, pas reconnue par la majorité de la communauté internationale, dont la France, qui conserve donc son ambassade à Tel Aviv… Bref, sans doute un aspect de plus sur lequel je ne suis pas en parfait accord avec Sarkozy…

jeudi 12 juin 2008

La musique camerounaise (1) - Le bikutsi

De retour en France, j'ai mal à mon Cameroun... A ses qualités et à ses nombreux défauts. Et comme je ne suis pas "chiche" (comprenez radin) je partage: vous allez aussi subir les turpitudes de la musique camerounaise, d'une qualité indéniablement... discutable, grâce aux merveilles de dailymotion!

Pour commencer, le bikutsi, musique du Centre, donc de Yaoundé. Mon premier amour, en somme. Pour danser: se casser le dos, et, comme toujours, remuer les hanches de préférence lorsque que le fessier d'une jolie jeune fille se frotte contre votre "bas ventre".

Parmi les fiers ambassadeurs de ce genre musical, on trouve des femmes. K-tino, tout d'abord, au nom évocateur, mais aux textes non sans sensibilité...
Démonstration:


Katino-7ème ciel
envoyé par lebeaux

Dans la même veine, je demanderais Mlle Lady Ponce, qui a certes moins d'expérience mais pas moins de talent... (je vous conseille de passer les 2 premières minutes pour comprendre quelque chose et éviter les couplets en ewondo, l'un des patois du Centre).



"Le ventre et le bas ventre": vous, filles torturées qui cherchiez désespérément à trouver, séduire et conserver l'homme de votre vie, Lady Ponce vous comprend et vous aide.

Viennent les hommes, la star de l'année 2007 était Aï Jo Mamadou, avec ce titre ambigu: "levez les doigts"...



Le Camerounais est moralisateur, c'est souvent drôle, et c'en était l'illustration mais c'est aussi souvent insupportable... M'enfin ça fait partie du charme.
Tonton Ebogo, de son côté, fait l'apologie de sa maman, tout aussi consensuel:



"J'en connais qui frappent sur leurs mamans, qui terrorisent, qui font le sabotage": j'adore!
C'était un de mes coups de coeur, la chanson en tête toute la journée...
(Ah oui, c'est comme Lady Ponce, vous avez le droit de sauter la partie en Ewondo).

Bon pis dans le registre moralisateur...
On a aussi Ama Pierrot. Je crois l'un des 15 à avoir nommé sa chanson "ingratitude", à moins que ce ne soient toutes des reprises. En tout cas, ils kiffent, les Camer!



Bon, le meilleur pour la fin...
Vous l'aviez compris, la société camerounaise a encore quelques carcans dont il serait bon de se défaire.
Et on dit toujours que la pire misogynie est celle intégrée par la femme elle-même... Ce qui donne du boulot aux beauvoiriennes en herbe, plutôt inexistantes au pays de Biya.



"La femme africaine, c'est comme une voiture..."
Bientôt, l'épisode 2: le Makossa:)!

mercredi 11 juin 2008

demi-droit

En ces temps de retour en france pour beaucoup je vous propose de découvrir ou redécouvrir un journal local de Lille et sa région: La Brique, journal d'info et d'enquête.

Des très bon articles, de ce que j'ai pu lire. Ils ont sorti le premier numéro un peu avant qu'on parte, ils en sont maintenant au numéro 8, j'espère que ça va continuer !


Lisez par exemple cet article : http://labrique.lille.free.fr/spip.php?article652

Et niveau musique je vous conseille ça :
Du très bon Hip-Hop avec tes textes très chouettes et une énergie à faire péter les enceintes! à écouter bien fort.
En français :
Le collectif Mary Read
et son Myspace ( ouais, dommage, je suis d'accord )
Singes des rues qui ont eux aussi un myspace ( mais c'est pas vrais, c'est une épidémie )

Et en Anglais :
Dj Malatesta et Downing Dog


Vive la musique bien
Longue vie à La Brique
France prépare toi, on arrive !

mardi 10 juin 2008

Cumbia Argentina




con la cumbia no hay punto de intermedio.
Te obliga a mover los pies debajo de la mesa
o a odiarla con todas tus fuerzas.
No es un ritmo que nacio ayer: llegó de africa
junto a los esclavos, y al bajar del barco fue asaltada
por tantos sonidos locales
que ya casi no encontramos nada
de sus rasgos originales
Su secreto es haberse convertido
en un pastiche de muchas culturas, un rompecabezas del continentee
en parmanente cambio
Decimos que una foto es cumbia
cuando logra asemejarse a eso
Hubo una epoca en la que habia que dejarlo todo
para salir a los caminos.
Nosotros no la conocimos.
En nuestro tiempo, todo es camino:
somos los nuevos nómadas, los hijos del naufragio.
Eso tiene algunas ventajas
Por ejemplo, aprendés a mirar
lo que hay debajo de las baldosas,
a ser un viajero en tu propia casa.
La cumbia es el ritmo alegre
con el que bailamos las cosas tristes.
No somos el lado oscuro de nada.
Mostramos el glamour de nuestra vida cotidiana,
una ternura sin mezquindades ni falsas promesas.
Todo lo nuestro es construcción,
lucha por conquistar el derecho al pan y la belleza.
Es la entrega total a un ritmo pasional que está
más allá de toda lógica.
Son cuerpos que se ponen en movimiento
por el solo placer de ejercer un momento de libertad.
Y claro; quién pudiera bailar como juega Carlitos.
En los arrabales del nuevo siglo ya no se pueden escribir tangos.
Esta es la época en la que nos tocó vivir, y la cantaremos con su propio ritmo: el compás de nuestras ciudades invisibles.

Avec la cumbia il n'y a pas de point intermédiaire.
Elle t'oblige a bouger tes pieds sous la table
ou à la détester de toutes tes forces.
Ce n'est pas un rythme qui est né hier: il est venu d'Afrique
avec les esclaves, et en descendant du bateau il a été attaqué
par tant de sons locaux
que déjà nous ne retrouvons rien
de ses racines originelles
Son secret est de s'être converti
en un pastiche de beaucoup de cultures, un casse tête du continent
en changement permanent
On dis qu'une photo est cumbia
quand elle réussie à ressembler à cela
Il y a eu une époque où il fallait tout laisser
pour sortir sur les chemins.
Nous ne l'avons pas connue.
De notre temps, tout est chemin:
nous sommes les nouveaux nomades, enfants du naufrage.
Cela à quelques avantages
Par exemple, tu apprends à regarder
ce qu'il y a sous les pavés,
à être un voyageur dans ta propre maison.
La cumbia est un rythme joyeux
avec lequel nous dansons les choses tristes.
Nous ne sommes le côté obscure de rien.
Nous montrons le glamour de notre vie quotidienne,
une tendresse sans mesquineries ni fausses promesses.
Tous ce que nous appartient est construction,
lutte pour conquérir le pain et la beauté.
C'est l'oubli total dans un rythme passionnel qui est
au delà de toute logique.
C'est des corps qui se mettent en mouvement
pour le seul plaisir de profiter d'un moment de liberté.
Et c'est clair, on peux danser comme joue Carilto (Tevez).Et dans les faubourgs du nouveau siècle, nous ne pouvons déjà plus écrire de tangos
Elle est ainsi, l'époque dans laquelle nous devons vivre, et on la chantera avec notre propre rythme, la mesure de nos villes invisibles.

Texte extrait du livre dont vous avez la couverture si dessus, et, qui au moment pour moi de quitter l'Argentine, me donne envie de danser, comme eux.
Cliquez sur le titre pour écouter mi cumbia preferida.