Chers amis.
J’ai réussi à échanger quelques cigarettes pour payer 30 minutes au cybercafé. J’ai donc peu de temps, mais je dois vous faire part des dernières évolutions de la vie ici. Ce n’est pas facile tous les jours, mais on se débrouille. On ne mange pas tous les jours du poisson, mais j’arrive la plupart du temps à trouver quelque pécune pour payer Sister Rebecca, qui cuisine alors pour moi quelque repas à base de farine de mais ou de patate douce. Les jours où je ne peux rien lui donner, il faut se serrer la ceinture, et je sais parfois que je n’aurais rien à manger durant deux jours. J’ai tout de même trouvé un travail stable de chauffeur de trotro. Cela, au moins, me rapporte de l’argent régulièrement, tant que la compagnie de bus qui me loue le trotro n’exige pas une taxe supplémentaire. J’avais bien commencé à courir les rues d’accra avec ma boite à outil, pour réparer ou cirer les chaussures, mais les chiens de la ville l’ont emportés une nuit ou j’y avais laissé une boite de corned-beef a moitié pourrie et m’était endormi ivre mort dans un caniveau. Le vin de palme frappe durement les esprits, et ma dette aux vendeurs du quartier m’attire de plus en plus d’ennemis. J’ai bien aussi essayé de travailler dans les plantations d’ananas dans la campagne mais le paludisme qui y sévit m’a forcé à revenir à la ville et à rester allongé durant 14 jours. J’ai ensuite trouvé un emploi dans une déchetterie, fort de mon expérience, mais la encore, les maladies ne m’ont pas épargnées pendant une semaine. Affaibli, sans un sous, j’ai pourtant réussi à gagner ce travail de chauffeur à force de dessous de table à un employé du ministère (mes derniers habits et objets personnels y sont passés). Ma situation s’est donc nettement améliorée depuis que j’ai cet emploi, mais l’on reste à la merci des aléas de la route, des maladies, et donc de la volonté de dieu, qu’il soit glorifié et honoré. Grâce à dieu, j’ai retrouvé la voie de la sagesse et je fais mes prières quotidiennes et fréquente la mosquée quand mon travail le permet. Aussi, je vais prendre femme. Un homme ne s’accomplit pleinement que si il mène une vie avec compagne et progéniture. Si dieu le veut, les cérémonies auront lieu à la prochaine lune, selon le rituel des gens du peuple Ga.
Pour ceux qui n’ont pas reçu mes dernières nouvelles, qui expliquent mon renoncement à continuer mon stage, ce qui a conduit à mon expulsion de l’iep et au reniement de ma famille, je vous invite à lire la chronique dans le Monde du 29 septembre « le quotidien d’un reclus à Accra ».
J’espère que vous avez désormais un bon aperçu de ma vie au Ghana.
Priez pour moi, Dieu est grand.
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3 commentaires:
ribamistad@hotmail.com
Heureux de voir que tu as enfin trouvé la voie du tout-puissant et que tu as laissé derrière toi les artifices de l'occident pour vivre enfin une vie d'homme responsable et pieux.que dieux t'accompagne, comme on dit ici.
p.s: préviens si tu te marie où si tu chopes le VIH, ou les deux, qu'on vienne festoyer en terre coloniale...
tes parents lisent le blog?
Et moi non plus j'ai pas reçus tes dernières nouvelles par mail petit gredin. Alors que je sais que tu as mon adresse mail !
Bon sinon jolie barbe =) Ca te va pas mal et c'est vrais que ça fait bien sortie de prison...
Merci pour les nouvelles, on sait pas grand chose mais au moins on se doute que tout va bien! et jolie photos au passage.
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