mercredi 14 novembre 2007

Ca se passe comme ça en Argentina

La suite de mes aventures, un peu plus au sud de l'autre côté de l'océan.

Au bout de quatres mois de vie argentine, j'ai commencé à entrer dans une petite routine bien tranquille tout sauf désagréable. Je vais vous condenser les choses en une journée type.

Je me lève tard en général, j'ai toujours pas réussi à changer cette mauvaise habitude et les horaires de mon stage me le permettent (Si Evelyne D. ...). Donc je me lève en général la tête dans le pâté vers 10h et demi, merde, je suis à la bourre. Je me lave, m'habille rapido et sort de chez moi en quartième vitesse. Coup d'oeuil à ma montre, bon, si le bus arrive vite je réussirais à être à Chilavert avant 11heures. Comme en ce mmt c'est péroide d'exam, je suis casi la plus dispo alors je me cogne pas mal de matins. Mais j'aime bien. Je me retrouve donc dans la petite rue Mendez de Andes, le soleil est déjà haut, la jupe et le débardeur sont de rigueur. Je salue le vieux tout sale qui est toujours sur le pas de sa porte, juste devant une énorme machine que j'ai pas encore identifié et sur laquelle je l'ai jamais vu travailler. Il me rend mon Hola! par un grand sourire édenté et un Hola hermosita. [Un ami Yanki m'a demandé un jour comment ça se disait "fleurter" en castillan, il endentais par là, faire des compliments à une fille, comment ça va ma belle, tu es merveilleuse...Je lui ai dit que y avait pas de traduction, que tout le monde ici fait ça avec presque n'importe quelle fille, j'ai malheureusement appris qq jours plus tard l'existance du verbe spanglish flirtear mais qui, il faut l'avouer, veut dire un peu plus que le chaste mot anglais et n'est presque pas utilisé.] Dans la rue Roja (première droite) je me croirais dans une petite ville méditerrannéenne. Petits commerces, pleins d'arbres, les légumes qui sortent des devantures, c'est assez calme, les gens sont tranquiles, on peut traverser la route sans trop faire attention aux feux. Je salue le kiosquero (sorte d'arabe en plus moderne et sans alcool), Hola Francia! Quand j'ai le temps je passe m'acheter des facturas a la petite panaderia. Ma boulangère m'indique la température, me demande quel temps il fait à Paris et me dis combien il y a eu de suicide sur la voie de chemin de fer depuis la dernière fois que je suis venue. Elle m'a appris l'autre jour qu'il y avait moins de suicide depuis qu'ils donnaient 3 mois de congés au type qui t'indique quand tu peux passer ou non (et donc qui est au premier rang quand un gars se jette sous les rails) parce que quand ceuli-ci voit un mec qui veux je jeter au lieu de lui dire des banalités type "fais pas le con, la vie vaut le coup mon gars" il lui dit "vas y mon gars moi j'ai trois mois de congés payés après" et le gars en général, ben ca lui coupe l'envie.
Bref, je passe la voie et là, un autre monde s'ouvre à moi, j'arrive dans une dans plus grandes villes d'amérique latine. Le va et viens des colectivos est incessant, les voitures klaxonnent au feu rouge ou au passage d'une fille, l'odeur qui sort des échoppes de fromage et de saussisson est à peine respirable et manque de me faire tourner de l'oeuil. Il faut bien regarder où on marche pour pas tomber dans les nombreuses ornières des trottoirs (je vous raconte pas quand il pleut!). Primera Junta est d'un point de vue géographique une plateforme multimodale impressionnante: terminus de la ligne A du Subte (l'argentine est un des rare pays ou on ne parle pas de métro), station de train, pas moins à mon avis de 50 arrêt de bus, ajouter à cela des centaines de voitures, de piétons et qq rares vélos. C'est un joyeux bordel qui réveille. Je me cole dans la file, cherche ma monnaie. Avoir au minimum 80 centavos en monnaie est vital à Buenos Aires, sinon tu peux pas te payer le bus où tout fonctionne avec des machines automatiques. C'est donc un combat de tous les jours parce que tout le monde la garde jalousement. Comme je l'ai déjà dit oh comble du luxe, je n'ai qu'environ 20 minutes de bus quand la pluspart des argentins ont environ 1 heure 30 et en plus j'ai la chance la pluspart du temps d'avoir une place assise.
Arrivée à Chilavert, je passe saluer les compañeros dans l'atelier: Hola muñequita (poupée), Hola Paolina, como andas? (comment tu marches?), mais mon préféré reste celui de Candido: Hola compañera, camarada, coreligionaria pero mas que todo amiga! (salut compagnonne, camarade, coreligionnaire mais plus que tout amie!). Ensuite je vais préparer l'eau du maté. Je chek mes mails, file qq coup de main, vais payer les factures. Ici tout se paye cash au Rapid Pago du coins, la plus part des gens et des entreprises (surtout si elles sont récupérées) n'ont pas de compte à la banque ou alors avec des planchers très bas. Le coralito ne date que de 6 ans! Au fur et a mesure d'autres volontaires arrivent ainsi que des militants et autres gens interréssées par la thématique, on discute, on échange, c'est une sorte de forum social de tous les jours. Comment ca se passe chez toi, moi je veux lancer une revue, dans la radio communautaire ou j'ai travaillé, j'aime beaucoup ton pays, ce que dit Deuleuze (pronocé déouléouse), Bourdieu (bourriou) ou Dérrida est passionnant, en tant que française t'en pense quoi? (faut absolument que je me mette à les lire!)...C'est vraiment enrichissant. En ce mmt je demande des conseils à tous ceux que je croise pour réaliser mes entretiens pour ma recherche. Puis repas de midi, tous ensemble, il m'arrive d'être la seule fille, mais ca ne m'intimide plus. A ma droite on discute match de foot et à ma gauche Placido me charrie avec des blagues en lunfardo, patois local que j'ai bien du mal à comprendre. Et puis après lavage des couverts et assiette respectifs tous le monde retourne au boulot.
Parfois y a des groupes d'étudiants qui viennent visiter et se faire raconter l'histoire de Chilavert. Dans ces cas la, on ferme les portes de l'atelier et moi ou un autre volontaire commence à expliquer les grandes lignes, c'est quoi une entreprise récupérée, c'est quoi l'autogestion, le carde légal et politique. On répond aux questions. Puis on les fait rentrer dans l'atelier et on leur présente les gens, comment on imprime un livre, quelles sont les machines que voulais revendre frauduleusement l'ancen patron et desquelles tout est parti...(je vous raconterai tout ca plus en détail dans un prochain mail). Et puis si ils ont le temps, on laisse le groupe aux mains de Candido, de Fermin ou de Placido qui raconte leur propre histoire, comment ils ont vécu ca de l'interieur. Moi, même si cette histoire je l'ai entendu des miliers de fois maintenant, je reste toujours pour écouter, y a toujours un truc nouveau qui sort et ca me fout toujours autant la chair de poule de l'entendre. Puis je retourne a mes occupations, entrer les livres et revue dans la base de données, transmettre les mails importants, faire du maté, traduire quelques textes en francais ou en castillan (j'ai toujours un peu de mal), discuter, échanger des avis. Le tout jusqu'a 6 heures. On range, on ferme le local (on c'est fait piqué 13 livres le mois dernier alors malheureusement maintenant on ferme à clé) et je fait un tour dans l'atelier pour dire au revoir et à demain à tout le monde. Les gars finissent en général vers 6h 30, 7 heures, voir plus tard, ca depend du boulot qu'il y a.
Après soit je passe chez moi rapidement déposer mes affaires soit je part direct au cours de francais que je donne. Je viens de commencer, je coute 15 pesos par personne l'heure et demi (c'est des groupe de 2) soit un peu plus de 6 euros. Pour l'instant j'ai que deux groupes mais j'ai d'autres propositions. Ma patience me surprend! J'essaie d'enseigner le plus simplement possible pour que mes élèves partent pas en courant en voyant les règles d'orthographe ou la pronociation (le "on", le "un" et le "r" étant les sons les plus difficiles pour eux). J'ai pas encore osé leur apprendre les verbes irréguliers mais il va bien falloir en passer par la.
Si c'est pas un jour de cours, y a toujours un débat ou un atelier interressant, celui de demain c'est "différents points de vues sur la révolution russe" avec en guest star Frank Mintz présenté comme suit:" militant anarcho syndicaliste de la Confédération Nationale du Travail française et chercheur spécialisé dans les mouvements sociaux autogérés et libertaires.", Vendredi atelier débat sur les modes d'oranisation horizontaux dans les luttes sociales. Sinon je vais voir des docu militants à la fac ou au BAUEN. Quand rien de tout ca n'est prévu, je passe en général au BAUEN pour discuter avec Rodolfo ou Juan de la situation de l'hotel, qui est un de mes sujet d'étude. La semaine dernière, je me suis d'ailleurs lancée, j'ai commencé mes entretients avec des associés. Fernando, un autre volontaire du centre de doc c'etait foutu de moi, parce que j'allais faire un entretiens à 11 heure du soir avec le p'tit jeune du bar. "Dans quelle chambre du BAUEN tu le fais ton entretient?" J'avais un peu la pression donc quand je suis arrivée mais tout c'est bien passé. Et rassurez vous l'heure tardive s'explique par le fait que je dois me plier aux horaires de travail.
Enfin je rentre chez moi tranquillou manger avec mes colocs suisses, faire un tour sur internet, transcrire mes entretients (déjà qu'en français ca prend du temps, je pense que vous pouvez imaginer en castillan) et regarder un film à la télé. Si une soirée est prévue, on sort en général vers minuit car ici rien ne commence avant 2 heures du mat' et les soirées se prolongent en général jusqu'a 6 heures du matin. La dernière fois, je suis allé à un anniversaire au BAUEN, le lever de soleil sur Bs As et le Rio de la plata vu depuis le 19ème étage d'un des batiments les plus grand de la ville, c'était magnifique!

Voilà, c'etait mon quotidien à Buenos Aires.
Je vous embrasse tous. La suite au prochain épisode.
Pauline.

3 commentaires:

doudou a dit…

Et en france ça ce passe comme ça :
http://rue89.com/2007/11/13/
nanterre-coups-de-matraque-
sous-les-applaudissements

édifiant...

Anonyme a dit…

Complètement d'accord avoir toi Edouard.
Par contre j'ai vu une image qui m'a beaucoup plus. Un mec qui était contre le blocage de sa fac mais qui était scandalisé du traitement infligé aux bloqueurs. Iconoclaste ?

Par pour tout de suite à l'IEP en tout cas.

Anonyme a dit…

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/vi/20071113/977940_telezapping_1311podcast.mp4