jeudi 19 juin 2008

De la Gorge du Diable au Val du Paradis

Les espagnols, en plus d'avoir pillé et asservis politiquement, socialement et culturellement l'Amérique Latine, a dépossédé des noms indiens certains des plus beaux lieux du monde, leurs affublant des noms religieux mais parfois aussi poétiques (à la limite de la grandiloquence) qui la plupart du temps donnent plus envie de rire que de méditer (ce à quoi invitait le plus souvent les noms Mapuche, Guaranis, Quechua et autres).

J'ai donc visité entre autres, dans le nord de l'Argentine, "port espérance", sur les bords du fleuve Parana, 5 rues, 2 épiceries et des bandes de jeunes qui zonaient et dont apparament la seule espérance était de se tirer rapidement et un port inateignable, ni en voiture, ni a pieds en raisons des fortes pluies, monnaie courante dans la région. Dix kilomètres au Sud, se trouve le joli village de "port liberté", avec son unique embarcadère et ses deux seules lignes de bus qui passent par là pour le desservir. La "Gorge du Diable", merveille des merveilles (une des premières relations mystiques que nous avons eu, la nature et moi, jusqu'au fond des mes tripes), elle, mérite bien son nom, parce quand t'es au dessus du gouffre t'as qu'une envie, c'est de t'y jeter. Dégustez plutôt:


Mais bon là tout ça c'est déjà un peu vieux (2 mois, quand il fesait encore chaud!), je suis ensuite retournée terminer mon stage dans la ville de "Sainte Marie des Bons Aires", ça:

ou ça, http://i261.photobucket.com/albums/ii61/leito1979ar/momentos/100_1669.jpg
lors des trois semaines où, à cause des feux des paysans de la province du Nord qu'ils ne contrôlait plus, on ne voyaient pas à 200 mètres en raison d'une épaisse fumée. Les touristes ont du croire qu'on se foutait de leur gueule et les potenos n'ont pas dit grand choses parce que pour une fois Kristina, on en est sûr, n'était pas dans le coup.
Je vous met juste le lien parce que je n'ai pas les droits!

Et pourtant c'est bien à regret que j'ai quitté Buenos Aires, il y a une petite semaine déjà. J'ai laissé derrière moi mes amis, mes amours et mes emmerdes comme dit la chanson, une petite vie quoi. Et ça fait tout drôle, j'ai pas encore bien bien réalisé je crois. Ce peuple à la fois très fier et orgueilleux tout en étant très peu sur de lui et de son avenir et dont, je vous contait il y a quelques mois mon amour, va me manquer.
Mon départ à été, je pense, facilité par la promesse solennelle de mon retour une fois mes études finies. Les gens m'ont donc dit: "Hasta luego companera, que te vayas bien, suerte, nuestra lucha sigue aca, y ahora en Francia" (Au revoir compagnonne, bonne chance, notre lutte continue ici et maintenant, en France). J'ai promis, sans faire de vague (je commence à m'habituer à pas trop en faire face à la détermination des argentins), de faire bien attention aux chiliens qui, pour une raison que personne ne connaît exactement, seraient dangereux. Rien que ça! J'ai pas vraiment bronché parce que je sais que cette croyance n'est que le résultat de décennies de propagande contre le pays voisin de chaque côté des Andes de la part des deux gouvernements pour exacerber le sentiment nationaliste.

Le seul truc un peu dur à été de quitter l'hôtel BAUEN. Pour Chilavert, le petit atelier d'imprimerie où j'ai travaillé pendant un an, pas trop de soucis, je sais que quand je reviendrai sonner, on m'ouvrira comme on m'a ouvert tout au long de l'année. Au BAUEN, c'est pas vraiment la même, quand je suis venu dire au revoir, on m'a dit que dans l'aprèm était arrivé l'ordre de délogement, ils ont dix jours pour quitter l'hôtel, de gré ou de force. Retour à la même situation qu'il y a un an, quand je suis arrivée, sauf que là, plus de possibilité d'appel en justice. (Cf post "el B.A.U.E.N. es de todos" d'août 2007). Mais bon je maintient le contact, jusque là rien d'anormal, le jour J est dans 4 jours.

Malgré ça, malgré les amis et la vie que je laisse là bas, je suis partie pour le Chili, m'embarquer dans une nouvelle aventure. Dans la ville de "Val du paradis" dont je ne connaissait rien avant d'arriver de Santiago en bus.

Valparaiso est une petite ville coincée entre un port de pêche en pleine industrialisation et des collines pleines de petites maisons colorées. C'est une des villes patrimoine mondial de l'humanité et lieux de rencontre de la bohème culturelle, artistique et activiste du Chili. Mais ici, l'idée de bobo n'existe pas (sauf peut être un peu sur la "colline joyeuse"), les petites maison collées aux collines ("colline du papillon, colline de l'espérence, colline du baron,...") sont faîtes de bric et de broc et paraissent mal supporter l'hiver qui est bien rude cette année. Je me suis installée dans un grand appart, juste au dessus de la place Équateur, centre des allées et venues nocturnes de la Bohème de Valpo. Il abrite trois autres personnes, un atelier de peinture, un de sérigraphie et les deux Mac imposants de la dessinatrice graphique et du développeur de projets d'énergie alternative qui vivent ici. Je me demandait bien pourquoi il caillait tant que ça dans ma chambre, les mouvements des rideaux m'ont indiqués la fenêtre cassée et jamais réparée, il va falloir s'habituer.
Les habitants de Valpo, sont de plus en plus pauvres à mesure que l'on monte dans la colline. C'est la ville la plus pauvre et avec le plus haut taux de chômage du Chili.

Mon stage consiste en bref, en l'organisation du Forum Mondial du Savoir Appliqué, qui aura lieux du 21 au 24 juillet à Valpo. L'idée est de faire venir des gens pour croiser des projets aussi bien d'énergie alternative, d'ingénierie de l'autogestion, de coopérativisme, de droit alternatif, éducation autonome et médias alternatifs...pour qu'ils puissent être appliqués directement aux populations des collines dans le but final de monter une commune autonome. Pour plus d'info (un peu de pub n'a jamais fais de mal à personne, surtout pour un projet aussi simpas!) je vous invite à faire un tour sur le site, fraîchement traduit en français et à diffuser: foromundial.ulibre.org

J'ai donc été reçu à la gare par Jaime Yovanovic, alias el profesor J et accessoirement mon responsable de stage. Sa bio est impressionnante, il commence à se politiser en présidant l'asso des étudiants de l'université Catholique où il étudie la sociologie, puis en devenant le porte parole des jeunesses révolutionnaires de la même université. Il sera activiste du MIR sous le gouvernement d'Allende, puis fera le choix de la lutte armée contre la dictature, il quitte le MIR en 88 et pars en exil dans la clandestinité, en France notamment. Sourires quand je lui demande où il se cachait, Paris, je n'en saurais pas plus. Il passera quelques temps à Cuba, y obtenant son diplôme d'avocat, puis en Afrique en travaillant directement dans les quartiers les plus défavorisés, sans l'appui d'une ONG, raison pour laquelle il sera plusieurs fois détenu, notamment en Afrique du Sud, pour activités d'espionnage supsonnées. Il est de retour au Chili depuis cinq an. Au premier abord, je me dit qu'on va bien s'entendre, ça l'arrange que je parle fort, étant sourd d'une oreille et s'aidant d'un sonotone pour l'autre. Ce trait physique m'a fait vachement moins marrer, quand en croisant un militaire de la marine dans la rue il m'explique: "Eux quand ils me voient, ils me reconnaissent, ils savent qui je suis, moi je les regardent pas, je fais comme si je m'en foutait, parce que se sont eux, les marins qui m'ont torturés dans un bateau aux premiers temps de la dictature. Ils m'ont battus et m'ont balancé de l'électricité dans le corps, c'est là que j'ai perdu 80% de mon ouïe".
Le professeur J donc, depuis que je suis là, me balade de réunion politique en discussion avec des collectifs, pour former le forum.

Le lendemain de mon arrivée, nous sommes allés voir Miguel, coordinateur des radios communautaires de la 5ème région (celle de Valpo). Il transmet ses émissions debout, dans un tout petit appart, plein de documents qu'il ne peux pas ordonner parce qu'il a pas l'argent pour se payer une étagère. Il fonctionne toujours avec des cassettes audios et deux tournes discs. Je suis chaleureusement invitée à venir participer à une émission.
On a discuté avec des étudiants des facs de droits et de journalisme qu'il faut encore convaincre et avec un collectif d'étudiants en filière techniques qui ont un projet d'accompagnement techniques des initiatives menées dans les collines vraiment sympa.
Ce matin quand je passe le chercher pour les activités du jour, je tombe nez à nez avec trois types un peu bizarres au premier abord. Le premier, tout dragueur que tu vois arriver à miles est philosophe politique, il a beaucoup développé la théorie des agences pour ceux qui se rappellent vaguement de leurs cours de 2ème année. Le second est ingénieur informaticien. Le troisième personnage qui porte bonnet, mitaines et barbes prolixe à tout du pauvre bougre. J'apprends autour d'un café qu'il est sociologue et que son aire d'investigation est le cyber espace. C'est un des hacker les plus réputé du pays. De fil en aiguille et de questions idiotes en questions idiotes (pour moi l'informatique c'est de la magie) je découvre un monde inconnu. Dans le cyber espace tout est public et il faut faire avec (cf: facebook), les limites sont floues et à mesure que les chercheurs, penseurs ... se posent des questions éthiques sur la toile, les technologies avances. Il est impossible selon lui de critiquer et de vouloir influer sur le monde du net sans être un utilisateur assidu (du coup j'ai fermé ma gueule et j'ai écouté).
Il existe tout un réseau de hackers, les pays les plus avancés étant l'Allemagne, l'Italie et l'espagne depuis des skattes les 3/4 du temps. Un hacker est le plus souvent de gauche et même anar et quand il passe à l'ennemi, il sort de la communauté des hackers. Il est, de plus, "facile" d'entrer dans les système des banques et de mettre tout par terre mais, c'est dangereux et ce n'est pas par ce biais là qu'ils ont décidé d'agir mais bien par la dénonciation et la vigilance. Cette discussion a encore de beaux jours devant elle.

Bref, je suis dans un bouillon alternatif qui fait du bien et qui m'ouvre des perspectives que je n'avais même pas espérées.

Je vais donc bien.

mercredi 18 juin 2008

west Bank..

Il y a une cinémathèque à Jérusalem… c’est chouette, je retrouve le plaisir du ciné…
L’autre soir j’allais donc à la cinémathèque, voir des courts métrages israéliens… Il faisait doux, le soleil se couchait sur les collines de Jérusalem. La cinémathèque est elle même sur une colline, avec une très jolie vue donc… Je me suis arrêtée 5 min, prendre de regarder.
Le paysage est très beau autour de Jérusalem, peut être quelque chose d’une Terre Promise, oui. Les collines couvertes d’oliviers, les petites blanches…
Et puis soudain je L’ai vu. Au milieu de la « carte postale ». Un mur. Le mur. 10 m de haut, et des centaines de mètres de long. Comme une balafre de béton hideuse sur la colline.
Et il y a cette colère sourde qui monte en moi… Des « pourquoi ? »
après seulement quelque temps en Israël j’ai bien sûr quelques fragments de réponses… La paranoïa israélienne, leur vision étonnement faussée du conflit, leur peur constamment formulée en termes de menaces existentielles, les discours sur les terroristes, les rockets….
Mais moi, face au mur, je pense au libre de Badiou (que mon papa m’a prêté), dans lequel il répète qu’il n’y a qu’un seul monde. Qu’il faut s’accrocher à ce principe, encore et toujours, ne pas l’oublier, surtout dans notre monde de murs… C’est tellement rassurant un mur…

Mais un mur ça donne toujours envie d’aller voir ce qu’il y a de l’autre côté.. c’est l’effet que ça me fait en tout cas. Surtout celui-là. Pour aller au-delà des chimères ressassés par les Israéliens ou pour les médias… Voir comment les gens vivent derrière ce mur.
Ce mur est étonnement facile à franchir, au moins pour les citoyens 1ère classe comme vous et moi… Alors vendredi j’ai pris le bus. Pas le bus pour les juifs, le bus pour les Arabes. Le bus pour les Arabes, il passe aussi à Jérusalem, d’ailleurs il s’arrêtent au même arrêt de bus que les bus pour les juifs. La seule différence c’est que dedans il n’y a que des Arabes. Parce que les Arabes n’ont pas vraiment envie de prendre les bus des juifs, qui ne s’arrêtent pas forcément lorsqu’il les voit à l’arrêt de bus. Et puis les juifs n’ont sans doute pas très envie d’avoir des Arabes dans leur bus, parce que c’est bien connu tous les arabes sont des terroristes parce qu’ils n’aiment pas les juifs. Tous ça c’est un peu grossier comme arguments, mais je n’invente rien. Ça met même un peu mal à l’aise tellement c’est simple, et tellement ça pourrait avoir un arrière-goût d’apartheid (même je déteste les comparaisons anachroniques…)
Bref, je prends le bus (mais comme quoi prendre le bus peut être très chargé politiquement). Après seulement 5 min de bus le mur est là, tout près, encore plus laid que la dernière fois. Le bus longe le mur un petit moment. Puis arrive un check point.
C’est drôle parce que les check point dans les films ça a toujours l’air d’être au milieu de nul part, et très sauvage, et très dangereux. En fait le check point ça ressemble à un péage d’autoroute. Sauf qu’il ne faut pas tendre la monnaie au monsieur, mais son passeport au soldat.
Après 5 min supplémentaires de voyage (nous sommes donc à 10 min seulement de Jérusalem !), on arrive à Bethlehem…
Je suis l’ami avec qui je voyage et qui est déjà venu à Bethlehem. On marche pendant quelque temps, puis nous arrivons dans la vieille ville. Toutes les rues et les maisons sont impeccablement rénovées. Comme en attente des touristes. Mais il n’y a pas de touristes. Il n’y en a plus depuis la seconde Intifada. Quelques uns seulement, quelques chrétiens en pèlerinage, qui viennent à bord de cars bondés, restent quelques heures, visitent les églises, achètent quelques souvenirs, puis repartent. Alors dans la ville la moitié des boutiques sont fermées, et on croise pas mal de gens, qui attendent que le temps passe, qui attendent que quelque chose se passe… On arrive dans une petite boutique de souvenir pour boire un café. Ici, les gens attendent. Il y a une petite vieille, et un homme d’une trentaine d’année. La discussion s’engage, et prend vite une tournure politique. De quoi parler de toute façon, quand il ne se passe rien, dans un pays où tout est nécessairement politique ?
Mon ami fume des clopes dégueulasses… Les moins chers d’Israël… Celles qui sont distribuées dans les prisons et à l’armée. Il en offre une à notre hôte, qui évoquent les années de prison après la première et le seconde Intifada…
Puis on part se promener… On marche pendant quelque temps, et puis soudain, au bout de la rue, le mur… Une immense porte en métal, un mirador.. On marche le long du mur pendant un petit bout de temps. Sur le mur de graffitis, certains célèbres, et immenses, d’autres anonymes, dans toutes les langues. Parfois stupides, parfois sans intérêt, mais souvent émouvants.
Ce qui est étonnant en fait c’est que ce mur n’est pas « efficace »… il n’est pas réellement construit en continu. Et surtout il n’est qu’un petit bout du dispositif de « sécurité » mise en place par Israël : check points à l’entrée des territoires palestiniens, mais aussi sur toutes les routes du territoire, contrôle d’identité, barrages, etc.
Ce mur a surtout une charge symbolique. D’abord parce qu’il dégage une sacrée violence symbolique à l’égard des palestiniens. Mais aussi ironiquement parce qu’il rend ces derniers encore plus effrayant aux yeux Israéliens (quelque chose comme : « s’il y a besoin d’un aussi grand mur, c’est qu’ils doivent vraiment être dangereux). Et enfin parce que d’une certaine façon, il fait apparaître l’idée d’une frontière dans les esprits, ce qui n’est pas anodin, puisque ça signifie l’existence d’un état…
Le lendemain nous sommes allé à Ramallah. Ramallah est très vivante, contrairement à Bethlehem, car elle abrite beaucoup de Palestiniens en exil.
Ce qui est étonnant c’est que bien qu’à 10 min de Jérusalem également, Ramallah fait vraiment partie d’une autre culture. Alors qu’Israël est une sorte d’enclave occidentale, presque américaine au sein du Moyen Orient, les villes palestiniennes reflètent beaucoup plus l’image que je pouvais avoir des pays « arabes ». Les vieux Palestiniens buvant du thé à la menthe, jouant au carte et humant la shisha dans les coffee shops, et un peu surpris de voir une fille ici… Les touristes sont rares ici aussi….
Un homme m’interpelle : « Are you american ? » Je lui réponds que je viens de France. Il e demande si j’ai vu de la violence ici.. Je réponds non, et c’est vrai... il y a des soldats ici, un peu partout mais pas plus qu’en Israël après tout. Et je n’y sens pas moins en sécurité. L’homme s’exclame, « Vous voyez, la violence, c’est Israël... »

Le lendemain, nous partons pour Jéricho… Le taxi collectif est une énorme Mercedes, 3 rangées de banquettes… Jéricho est à une heure de route à peine, mais il nous faudra traverser trois check points pour l’atteindre. L’attente sous le soleil, la file de voiture. Personne ne s’énerve. La routine, juste la routine.
La voiture roule au milieu du désert… Des immenses dunes de sables et de pierre. On aperçoit les bédouins, qui ont échangé leurs tentes contre des baraques en tôle…

La suite du voyage... Jérusalem

Suite de mon voyage…
Après quelques jours de vacances à Tel Aviv, à me balader dans les rues, sur la plage, et à expliquer que je ne parlais pas Hébreu, et que je n’étais pas juive, j’ai pris le bus pour Jérusalem…
Jérusalem c’est un autre monde… C’est la ville sainte, le lieux historique, disputé et divisé…
Du coup, alors que Tel Aviv est la ville préférée de la jeunesse laïque, Jérusalem c’est le repère des juifs orthodoxes… Et oui ceux avec les petites couettes sur le côté, habillé tout en noir… Et pour les femmes, c’est jupe longue, petit foulard dans les cheveux et collants par tous les temps.
Bref, moins groovy, et moins sexy…
À cause de la présence des juifs religieux, Jérusalem c’est aussi Shabbat tous les samedis. Bien sûr Shabbat c’est pour tous les juifs tous les samedis. Mais à Jérusalem les choses prennent une autre proportion… Pas un magasin ouvert, pas un bus ne circule, du vendredi soir jusqu’à la tombée de la nuit le samedi… Du coup, le but, pour les juifs séculaires comme pour moi, c’est de fuir Jérusalem le vendredi après midi… Vite, vite, prendre le dernier bus et s’enfuir, loin de la folie de Shabbat.
Shabbat, c’est l’interdiction de faire quoique ce soit considéré comme travail. Cela implique ne pas manier d’argent, mais aussi ne pas écrire, ne pas utiliser de véhicule à moteur, ne pas allumer l’électricité (par contre on peut la laisser allumer.. nuance !), ne pas écrire, et je pense que j’en oublie. En gros, on peut manger en famille (ce qu’on a préparé la veille !) et prier… Comme un dimanche très long et pas drôle…
Mais shabbat c’est aussi le marché le vendredi, bondé, grouillant, regorgeant de viennoiseries, de hummus, de pitas, et autres petits plaisirs d’Israël...

Jérusalem c’est aussi la vieille ville avec ses petites ruelles, ses touristes, ses militaires…
La vieille ville de Jérusalem est magnifique, mais plus qu’explosive… D’abord parce qu’elle a été purement et simplement annexée par Israël en 1967, qui a décidé assez arbitrairement d’en faire sa capitale… Mais les Israéliens appellent ça une « réunification », nuance…
Ensuite, parce qu’elle regroupe sur un espace plutôt limité quartiers juifs, chrétiens et arabes… que les uns et les autres se croisent, avec plus ou moins de haine ou de mépris…
Comme ce juif orthodoxe qui décide de prier en plein quartier arabe (à deux d’Al-Aqsa, dont je vous reparle plus tard…) à l’heure de la prière pour les musulmans… Ou cette bande de mômes israéliens, âgés peut être de 10 à 15 ans, et qui crient et mettent de la pagaille en plein quartier arabe, encadré de deux soldats.. Histoire de montrer qu’ils sont chez eux sans doute.
Une petite digression à ce propos... Notre (?) cher président est en visite en Israël... Tous les français expats sont donc invités à la petite sauterie habituelle (ça fait d’ailleurs deux que je rate, n’étant toujours pas inscrit au consulat..). Ce qui est intéressant c’est que ladite sauterie a lieu non pas à Tel Aviv, mais à Jérusalem. Or Jérusalem n’est que la capitale autoproclamée d’Israël, pas reconnue par la majorité de la communauté internationale, dont la France, qui conserve donc son ambassade à Tel Aviv… Bref, sans doute un aspect de plus sur lequel je ne suis pas en parfait accord avec Sarkozy…

jeudi 12 juin 2008

La musique camerounaise (1) - Le bikutsi

De retour en France, j'ai mal à mon Cameroun... A ses qualités et à ses nombreux défauts. Et comme je ne suis pas "chiche" (comprenez radin) je partage: vous allez aussi subir les turpitudes de la musique camerounaise, d'une qualité indéniablement... discutable, grâce aux merveilles de dailymotion!

Pour commencer, le bikutsi, musique du Centre, donc de Yaoundé. Mon premier amour, en somme. Pour danser: se casser le dos, et, comme toujours, remuer les hanches de préférence lorsque que le fessier d'une jolie jeune fille se frotte contre votre "bas ventre".

Parmi les fiers ambassadeurs de ce genre musical, on trouve des femmes. K-tino, tout d'abord, au nom évocateur, mais aux textes non sans sensibilité...
Démonstration:


Katino-7ème ciel
envoyé par lebeaux

Dans la même veine, je demanderais Mlle Lady Ponce, qui a certes moins d'expérience mais pas moins de talent... (je vous conseille de passer les 2 premières minutes pour comprendre quelque chose et éviter les couplets en ewondo, l'un des patois du Centre).



"Le ventre et le bas ventre": vous, filles torturées qui cherchiez désespérément à trouver, séduire et conserver l'homme de votre vie, Lady Ponce vous comprend et vous aide.

Viennent les hommes, la star de l'année 2007 était Aï Jo Mamadou, avec ce titre ambigu: "levez les doigts"...



Le Camerounais est moralisateur, c'est souvent drôle, et c'en était l'illustration mais c'est aussi souvent insupportable... M'enfin ça fait partie du charme.
Tonton Ebogo, de son côté, fait l'apologie de sa maman, tout aussi consensuel:



"J'en connais qui frappent sur leurs mamans, qui terrorisent, qui font le sabotage": j'adore!
C'était un de mes coups de coeur, la chanson en tête toute la journée...
(Ah oui, c'est comme Lady Ponce, vous avez le droit de sauter la partie en Ewondo).

Bon pis dans le registre moralisateur...
On a aussi Ama Pierrot. Je crois l'un des 15 à avoir nommé sa chanson "ingratitude", à moins que ce ne soient toutes des reprises. En tout cas, ils kiffent, les Camer!



Bon, le meilleur pour la fin...
Vous l'aviez compris, la société camerounaise a encore quelques carcans dont il serait bon de se défaire.
Et on dit toujours que la pire misogynie est celle intégrée par la femme elle-même... Ce qui donne du boulot aux beauvoiriennes en herbe, plutôt inexistantes au pays de Biya.



"La femme africaine, c'est comme une voiture..."
Bientôt, l'épisode 2: le Makossa:)!

mercredi 11 juin 2008

demi-droit

En ces temps de retour en france pour beaucoup je vous propose de découvrir ou redécouvrir un journal local de Lille et sa région: La Brique, journal d'info et d'enquête.

Des très bon articles, de ce que j'ai pu lire. Ils ont sorti le premier numéro un peu avant qu'on parte, ils en sont maintenant au numéro 8, j'espère que ça va continuer !


Lisez par exemple cet article : http://labrique.lille.free.fr/spip.php?article652

Et niveau musique je vous conseille ça :
Du très bon Hip-Hop avec tes textes très chouettes et une énergie à faire péter les enceintes! à écouter bien fort.
En français :
Le collectif Mary Read
et son Myspace ( ouais, dommage, je suis d'accord )
Singes des rues qui ont eux aussi un myspace ( mais c'est pas vrais, c'est une épidémie )

Et en Anglais :
Dj Malatesta et Downing Dog


Vive la musique bien
Longue vie à La Brique
France prépare toi, on arrive !

mardi 10 juin 2008

Cumbia Argentina




con la cumbia no hay punto de intermedio.
Te obliga a mover los pies debajo de la mesa
o a odiarla con todas tus fuerzas.
No es un ritmo que nacio ayer: llegó de africa
junto a los esclavos, y al bajar del barco fue asaltada
por tantos sonidos locales
que ya casi no encontramos nada
de sus rasgos originales
Su secreto es haberse convertido
en un pastiche de muchas culturas, un rompecabezas del continentee
en parmanente cambio
Decimos que una foto es cumbia
cuando logra asemejarse a eso
Hubo una epoca en la que habia que dejarlo todo
para salir a los caminos.
Nosotros no la conocimos.
En nuestro tiempo, todo es camino:
somos los nuevos nómadas, los hijos del naufragio.
Eso tiene algunas ventajas
Por ejemplo, aprendés a mirar
lo que hay debajo de las baldosas,
a ser un viajero en tu propia casa.
La cumbia es el ritmo alegre
con el que bailamos las cosas tristes.
No somos el lado oscuro de nada.
Mostramos el glamour de nuestra vida cotidiana,
una ternura sin mezquindades ni falsas promesas.
Todo lo nuestro es construcción,
lucha por conquistar el derecho al pan y la belleza.
Es la entrega total a un ritmo pasional que está
más allá de toda lógica.
Son cuerpos que se ponen en movimiento
por el solo placer de ejercer un momento de libertad.
Y claro; quién pudiera bailar como juega Carlitos.
En los arrabales del nuevo siglo ya no se pueden escribir tangos.
Esta es la época en la que nos tocó vivir, y la cantaremos con su propio ritmo: el compás de nuestras ciudades invisibles.

Avec la cumbia il n'y a pas de point intermédiaire.
Elle t'oblige a bouger tes pieds sous la table
ou à la détester de toutes tes forces.
Ce n'est pas un rythme qui est né hier: il est venu d'Afrique
avec les esclaves, et en descendant du bateau il a été attaqué
par tant de sons locaux
que déjà nous ne retrouvons rien
de ses racines originelles
Son secret est de s'être converti
en un pastiche de beaucoup de cultures, un casse tête du continent
en changement permanent
On dis qu'une photo est cumbia
quand elle réussie à ressembler à cela
Il y a eu une époque où il fallait tout laisser
pour sortir sur les chemins.
Nous ne l'avons pas connue.
De notre temps, tout est chemin:
nous sommes les nouveaux nomades, enfants du naufrage.
Cela à quelques avantages
Par exemple, tu apprends à regarder
ce qu'il y a sous les pavés,
à être un voyageur dans ta propre maison.
La cumbia est un rythme joyeux
avec lequel nous dansons les choses tristes.
Nous ne sommes le côté obscure de rien.
Nous montrons le glamour de notre vie quotidienne,
une tendresse sans mesquineries ni fausses promesses.
Tous ce que nous appartient est construction,
lutte pour conquérir le pain et la beauté.
C'est l'oubli total dans un rythme passionnel qui est
au delà de toute logique.
C'est des corps qui se mettent en mouvement
pour le seul plaisir de profiter d'un moment de liberté.
Et c'est clair, on peux danser comme joue Carilto (Tevez).Et dans les faubourgs du nouveau siècle, nous ne pouvons déjà plus écrire de tangos
Elle est ainsi, l'époque dans laquelle nous devons vivre, et on la chantera avec notre propre rythme, la mesure de nos villes invisibles.

Texte extrait du livre dont vous avez la couverture si dessus, et, qui au moment pour moi de quitter l'Argentine, me donne envie de danser, comme eux.
Cliquez sur le titre pour écouter mi cumbia preferida.


jeudi 29 mai 2008

Bas-Haut-Bas-B

Pour le petit josselin... Photos du district de Zabzugu-Tatale, region du Nord. les baobabs y poussent comme des champignons.




Celui-ci est bien plus qu'un Baobab. C'est une idole des villagois de croyance traditionaliste. Sur les cartes qu'on dresse des communautés, ils y inscrivent "small god". On y fait des offrandes pour faire venir la première pluie, par exemple. La vénération des baobabs est plus répandue qu'on ne le croit...

mercredi 21 mai 2008

La collégiale II sera propre ou ne sera pas

Salut a tous...
Je met une partie d'un email de Sacha sur ce blog, histoire de completer l'image de l'ethiopie ces temps ci...
j'ai pas les droits d'auteur mais bon.
Moi je reviens lire les posts que j'ai loupé des que possible.
Achinawa!



la saison des pluies arrive l ete (de juin a septembre), sinon ici c est le pays des 13 mois de soleil par an. La saison des petites pluies tres attendue n est pas venu (2 jours de pluies seulement au lieu d une bonne semaine). Les terres sont seches et donc non exploitables dans une bonne partie du pays notamment ou je travaille. L EAU c est la galere. A Addis il y a des coupures tout le temps, a l appart j ai de l eau deux jours (ou nuit) par semaine!! Ne pas se laver dans un pays chaud pendant plus de deux jours c est pas pareille que de ne pas prendre de douche en France pendant une semaine. Sinon imagine des chiottes que quatre gars utilisent quotidiennement sans chasse d eau: DEGUEULASSE. L etat sanitaire devient vraiment une urgence. La semaine derniere je suis rentre du terrain pour aller a Addis (comme tous les weekends). Sur la route on a vu des queues de 200 personnes autour d un petit puits a bas debit... bref les gens souffrent ici de ce probleme d eau, pour dire meme moi je suis directement touche par le probleme mais pas de maniere comparable bien sur.

Sinon au boulot la semaine derniere il y avait un seminaire pour les paysans beneficiaires des projets de mon ONG sur l excision et autre pratiques culturelles a risque pour la sante. Dans la zone ou l on travaile 90% des femmes sont excisees. Il y a des tatouages et scarifications et autres regles qui posent parfois des problemes d hygiene, etc.

Bon je suis lance donc je continu. Hier c etait Paques, pas Paques comme chez nous avec les oeufs en chocolat mais PAQUES la fin de deux mois de jeunes (oeuf, lait, viande, beurre). Du coup le vendredi tout le monde est alle a l eglise de 6h du mation a 18h pour prier et se confesser. Le dimanche grosse fete en famille ou l on mange, mange, boit et mange. Dans les rues d Addis tout le monde avait un poulet a la main ou un mouton en laisse, c est comme ca qu on fait ses courses ici tout le monde egorge sa petite bete et la mange en famille. Bref ici la religion est Hyper presente (50% orthodoxe et 25% musulman). J etais invite chez le chef de projet avec qui je travaille, franchement bien. Bon il faut dire maintenant je n ai plus aucune apprehension a manger de la viande cru (super frais vu que le mouton avait ete tue le matin meme). Seul petit haut le coeur quand Tafe (la personne qui m a invite) m a mis dans la bouche un bout de viande. Ne me doutant de rien j ai commence a manger et je me suis vite apercu que j avais un bout de foi cru dans la bouche, j ai vite avale avant de vomir. Sinon tout trop bon et vraiment cool.

samedi 17 mai 2008

Citoyen du monde?

On est "de fait" tous citoyen du monde non? Ça paraît peut être naïf mais bon, on vit sur la même planète si on y réfléchi.
Je suis pas complètement conne, je sais bien que Coluche avait raison quand il disait "les hommes naissent libres et égaux, mais y en a qui sont plus égaux que d'autres".

Cette semaine, j'ai fait le test: et ben moi les gars, je suis une citoyenne du monde + + la grande classe! C'est pas que je sois particulièrement intelligente, jolie, jeune ou quoi. Non c'est juste que sur mon passeport y a écrit en jolies lettres dorées "Union européenne". Je suis né du bon côté de l'océan et du bon côté de la ligne d'équateur, c'est tout. Le pire c'est que j'ai rien demandé à personne, ça c'est fait comme ça. Sylvianne VIGNOUD, citoyenne française à mis au monde avec l'aide de Michel VIGNOUD, citoyen français, une petite fille française. Et c'est tout, fin du test. Garce à cela je peux voyager comme bon me semble, sans besoin de visa, où alors facile à obtenir.

Bon, je me détend et j'explique:
Moi je veux aller faire un stage au canada, à Montréal serait l'idéal, mais rien n'est signé. Bon je regarde sur internet, pas besoin de visa, rien, juste acheter le billet. Je suis tranquille, je peux changer d'avis demain. Cool, le monde est à moi. De plus j'ai pu vivre 1 an en argentine sans que personne soit au courant et vienne me faire chier. Sans visa ni rien. Par bonne conscience (plus pour ma mère en fait) je suis quand même sortie du territoire tous les trois mois histoire d'être plus où moins en règle. Mais bon, si je l'avais pas fait,on m'aurait fait juste payer une prune de 50 pesos soit 10 euros.
Mon pote c'est pas la même. Lui c'est pas un citoyen + +, il a jamais tué personne, ni volé personne ni nada, nonon, c'est juste que sa maman argentine et son papa argentin ont fait un bébé argentin, ce qui au niveau international est pas trop la classe. Alors mon pote, pour partir au Canada (travailler dans un secteur où ils manquent de gens) il doit faire des milliers de tests, remplir une paperasse de ouf dans laquelle on lui demande la couleur d'yeux de toute sa famille proche et combien ils mesurent, quel est leur niveau d'études, s'il a un titre de propriété.
Pour aller au Québec par exemple y a un test à part, en français. Quand on l'a rempli avec ses infos à lui, c'est moi qui ai dû lui traduire que c'était mort mon chou, tu fais pas partie des quotas, ils veulent pas de toi. Le lendemain on a refait le test, on a ajouté mes coordonnées de citoyenne ++ en tant que "compagne de fait". Et ben figurez-vous qu'un argentin qui va tout seul au Québec c'est pas dans les quotas, mais si il y va avec une française qui a aucun diplômes et qui étudie un truc aussi flou que les "sciences politiques" et ben là, il rentre dans les quotas. Il récupère un peu de prestige au niveau international pour le seul fait de se déplacer avec une française.
Le soucis c'est qu'on peut pas fournir de preuve que ça fait un an qu'on vit ensemble et que de toutes façon, le temps qu'il analysent ton dossier t'as au minimum 12 bons mois devant toi. Autant y aller à pied.
Pour rajouter a l'arnaque, les visas c'est un gros business, dans la plupart des cas, faut filer au minimum 400 dollars, juste pour qu'ils étudient ta demande. Il y a même une agence qui lui demandait 3700 dollars, payable en trois fois. C'est toujours les plus dans la merde qui raquent.
Et le plan c'est qu'une fois que t'as fait tout ça, que t'as rempli tous les papiers, payé tout le racket, apporté toutes les preuves, validé tous les tests, attendu et enfin obtenu ton visa et acheté ton billet et ben une fois sur place à l'aéroport, y a toujours la possibilité qu'un flic patibulaire te dise " non j'aime pas ta gueule, tu rentres pas".

Alors voilà, fin de l'histoire, si tout se passe comme prévu je serai au canada dans un mois. Mon pote rentre ce soir dans sa ville natale de Parana.



Je vous met une photo parce que c'est joli mais bon question avenir c'est un peu bouché.

Ce mail ne vous apprend peut être rien de bien nouveau, mais voir un candidat à l'immigration étape par étape, quand c'est ton pote, je te jure, ça secoue.

Je dis ça pour le Canada mais j'imagine qu'en France on a pas trop à se la ramener. Je lui ai dit que si il voulait aller là bas fallait qu'il se speed, avant la prochaine loi sur l'immigration.

dimanche 11 mai 2008

Au cas où il en reste qui ne savent pas...

Pierre Alonso, photographe de renom et non mois grand amis de tous les auteurs de ce blog est une fois de plus sélectionné pour le concourt Paris Match ( oui bon ça va on fait ce qu'on peut ) des Grands reporter étudiants.

L'année dernière il avait gagné un prix, cette année il doit gagner le premier prix !
Et pour ça il faut que vous votiez, une fois pas jour, pour lui ( et pour les autres si vous voulez hein ) Ca vous donnera l'occasion de voir plein de belles photos, il y a plein de reportages très chouette.

Si vous avez plusieurs adresses mails, des adresses mails que vous n'utilisez plus mais qui sont toujours actives ou si vous voulez voter avec les adresses mail de vos amis ou ennemis, Bref si vous voulez voter plusieurs fois pas jours, votez une première fois, effacez vos cookies ou fermer toutes vos fenêtres internet puis revenez et votez avec l'autre adresse, et ainsi de suite.

Pour voter et voir les reportages : C'est Ici !

Merci à tous

dimanche 4 mai 2008

Mon 1er Mai à Freiburg

Le 1er mai est surement plus ou moins international, n'empêche qu'il semble porter plus de symboles dans certains pays que dans d'autres. Comme le disait Sarah, cette fête semble très loin en Inde, comme surement dans beaucoup d'autres pays.
Y compris en Allemagne.
D'abord, pour trouver quelques informations concernant des manifs à ce sujet, il fallait vraiment chercher. Aucune affiche, y compris à la fac, aucun tract. Le U-asta (syndicat étudiant, qui semble être le seul à Freiburg, coeur de toute la mobilisation étudiante, qui se situe plutôt vers l'extrême-gauche) ? Ils n'en savent rien non plus.

On trouve sur internet une petite page parlant du "rendez-vous des travailleurs pour déguster la traditionnelle saucisse du 1er mai" ! Y'a pas moyen, j'imagine la fête de l'huma en enlevant tous les moins de 50 ans...
Puis... on voit que la fédération anarchiste appelle à une manif sur Strasbourg, pour l'autogestion des syndicats, entre autres. Des militants de Freiburg donnent un RDV à la gare pour y aller ensemble : depuis cette année, le mouvement militant de Strasbourg et celui de Freiburg essaye de se rapprocher, en organisant entre autres des manifs transfrontalières. Alors, hésitations... Autour de moi, soit les gens ne veulent pas, soit ils ne peuvent pas y aller. Pourtant ça semble être du lourd ! Mais bon, y aller seul...
Troisième option : par le bouche à oreille. "On nous a dit" que des gens appelaient à une manif alternative à celle des travailleurs. On sait pas trop le thème de la manif, à part le "1er mai", et les gens qu'on y retrouvera surement (des étudiants de la fac, des militants du KTS -LE squate de Freiburg). Bon, on tente celle-là. RDV à 11h. On arrive : personne, évidemment. Ils sont chiants, les militants allemands : leur trip, c'est d'organiser des manifs non déclarées (plus ou moins illégales en Allemagne, mais tollérées à Freiburg) pour avoir le moins de flics possibles et faire ce qu'ils veulent (finir sur une grosse teuf dans la rue par exemple). C'est cool, mais du coup personne ne sait jamais où se passe quoi. Bouche à oreille... Tu entends pleins d'infos différentes, et ne surtout pas les communiquer par mail ou par téléphone ! Bon, y'a rien, on se casse. On apprendra plus tard que peut-être le RDV n'étant pas 11H mais 13H, ou peut-être 14H, 15H ou encore en fin d'après-midi...

Tant pis pour ce 1er mai. On va se faire un barbecue, glander tout l'après-midi au soleil, qui commence à pointer depuis quelques jours, accompagnés naturellement de quelques bières...
Finalement, c'est pas ça, aussi, le 1er mai ? Profiter du temps libre gagné par la lutte pour se faire plaisir autour d'un barbecue entre potes et voisins ? Et puis, la lutte, faisons-là le 2 mai ! Autant choisir un jour de travail pour faire grève...

Sylvestre

vendredi 2 mai 2008

Je commence

Mon premier mai :

Réveil à 8h30 après une nuit courte et mauvaise, vers 10h on arrive au lieu de rendez vous, il n'y a pas grand monde et surtout il n'y a personne que je connais, on attends un peu ( j'y suis aller avec Fabian ) quelques amis arrivent et petit à petit le groupe se forme.
Un peu après 10h30 on commence à sortir les drapeaux et les banderoles puis on attends que le cortège démarre pour s'insérer entre le MAS, un parti marxiste et l'ANEP asociación nacional de los empleados privados, le syndicat des employés du privé.






Contre autant de répression, action



Plus Jamais ça, Ne votez pas
La démocracie représentative n'est pas la démocratie, c'est une oligarchie, le gouvernement de quelques-uns.
Seul le peuple sauve le peuple.



Memorandum, état terroriste

Le cortège traverse la ville de l'Ouest à l'Est pour finir devant l'assemblée national. Il n'y à vraiment pas beaucoup de monde, rien à voir avec la dernière manif contre le TLC, et le cortège est plutôt mou. Du coup pour donner un peu de mouvement à tout ça on décide de s'arrêter un peu puis de rejoindre le reste du cortège en courant tous ensemble. C'est marrant, même si on est pas beaucoup ça donne une bonne impression de masse mouvante.

On marche dans la ville pendant une petite heure et on arrive dans l'assemblée nationale où tout le monde s'entasse. C'est presque la première fois de la journée que je voie les policiers. On commence à chanter quelques slogans pour déranger la presse tranquillement installée sur le pelouse devant le bâtiment puis la tension monte un peu quand quelques punk montent sur une voiture la presse pour agiter un beau drapeau rouge et noir. Puis vient inévitablement le moment ou les phares des voitures de presse commencent à partir en morceau, les rétros aussi juste avant que les propriétaires arrivent et sortent tant bien que mal les voitures de là. La police arrive et se rapproche mais ne fait rien.

Aucune arrestation d'après ce que je sais.

Le cortège se dissipe peu après tout ça. Rendez vous est donner pour 18h au même endroit pour perturber le discours du président mais je n'y suis pas aller parce que j'étais très fatigué et avec plein de boulot à faire.

Bonne journée donc, même si il n'y avait pas beaucoup de monde. C'était une des plus petites manif depuis quelques années d'après ce que mon dit des amis...
Le référendum est passé la mobilisation en fait les frais.

Ha tient et comme cadeau parce que ça me fais plaisir, un tube des années 70-80 purement costaricien, du grand art. Le clip est quasiment un court-métrage tellement le scénario est intense.
C'est ici

Devinez ce que veux dire Canchis Canchis ...

mardi 29 avril 2008

1er mai

Comme ça arrive dans deux jours, je me disais que ça pourrait être intéressant que chacun raconte son 1er mai, manif ou pas, jour férié ou pas... Histoire de voir comment un jour comme ça se vie dans les différentes parties du monde.

Vous en dites quoi?

Un texte de Clélie !

Le gouvernement ethiopien ne laisse pas accès aux blog depuis son pays d'après ce que j'ai compris donc je vous transmet le message de Clélie qu'elle m'a envoyé par mail :



Merci pour ce magnifique écho sur les femmes indiennes,
voici quelques morceaux de vie de femmes éthiopiennes, femmes presque inaccessibles pour la petite blanche. Petite blanche, qui pour elles, semble beaucoup trop proche de la prostituée. Petite blanche qui déteste ces femmes qui ne la laisse jamais tranquille par leurs regards, ricanements ou paroles. Qui les déteste souvent mais les admire profondément... admire leur force, leur force a toute épreuve.


Ethiopie, portrait de femmes, paroles




1er tableau: feux d’artifice


”What do you want to drink? Do you want to eat something? Whatever you need, tell me, euchi?”
Notre premier contact ; parfaite petite femme d’intérieur… «Ma maison est la tienne, sister », mais surtout reste sur le canapé, je m’occupe de tout…
Plus tard je découvre qu’en débarrassant mon assiette, je la déshonore même…

Elle est belle, souriante, toute fluette. Menue avec un ventre rond, rond de 6 mois.

Feux d’artifice, éclats de rires, rires d’enfants, c’est l’anniversaire de la petite, la princesse a trois ans.
La fille de son mari fête ses trois ans. Eux ont fui la mère, mère prostituée, mère qui les maltraitait.

Résurection, la petite a trois ans, une nouvelle maman, une nouvelle vie, enfin. La maison sent bon l’injera, les feux d’artifice sont lancés…

Magicienne du bonheur, son rôle lui va a merveille, elle n’en fera pas un écart de la journée… feux d’artifice.
Invités repus, petite approvisionnée en câlins, maris en bières, sourires a volonté.

Le soir, dans ses sourires, elle laissera la gente masculine s’en aller vers la vie nocturne. Discretement, elle me demandera de rester avec elle. Petite souris souriante…

Soirée seules, soirée féminine ; 8 bières, 2 paquets de clopes.

22h : Confidences : sa famille a rompu tout lien avec elle depuis qu’elle vit avec cet homme, cet homme farenge, qui n’est même pas si riche. Solitude, solitude de la ville.

22h30 : elle aussi se sent farenge dans cette ville. Ville où l’on parle amharique, le tigréen familial appartient décidément au passé, le bafouillage au présent.

23h : Sanglots : « je ne peux pas laisser mon mari et sa fille, ils ont déjà tellement souffert dans le passé ».

minuit : apogée : je lui promet de ne jamais décider de vivre en Ethiopie, elle arrête de pleurer.

Apres minuit, nous ne parlerons plus que crûment du sexe et des hommes.

2 heure du mat : Feux d’artifice.


Arrivée du feminisme ?

« moi aussi, je peux cuisiner de l’injera !, tu me crois pas ?»
Copain homme


2eme tableau : mariage rouge

Elle est rouge, toute rouge quand elle se marie.

Elle est debout sur une table, raide dans sa grande robe blanche.
Parfaitement aligné, sur cette même table, son mari est figé. Ils sont grands, perchés, perdus dans un grand cérémonial.

Signal musical,
Agite les mains en l’air.
La musique s’accélère,
Prends la main du mari, glisse le couteau entre les mains conjugales et agite le devant la foule
La flûte entre en piste,
Coupe le gâteau d’une ligne droite. Non, ne lâche pas la main du mari !
Fausse note du clavier,
Heure de nourrir les demoiselles d’honneur, et en rythme.
Les chanteurs s’excitent,
Et une bouchée pour le mari
La trompette s’en mêle,
Non mais ouvre la bouche, c’est ton tour!
Cacophonie totale,
Tenir son verre penché, pencher les autres verres, faire boire le mari, les demoiselles d’honneur, mais non les garçons, et le mari, oui, maintenant le mari, maintenant ! Mais non, croise le verre, croise le, oui, voila, comme ça !

Sur les planches, la mariée a ses souffleurs, elle ne s’en sortirait pas sinon.

Solo de clavier,
Echange des alliances. Unique regard vers son mari depuis le début du cérémonial, regard furtif, regard timide, regard ?.

Apogée du cérémonial,
Premier baiser en public depuis leur vie de couple, les lèvres de son mari lui effleurent le front.

Elle éclate comme une tomate.





« le jour où tu nous rapporteras des sous, reviens, mais là on en perd a cause de toi. Alors dégage, ou prostitue toi ! »
Paroles d’une prostituée à une farenge qui se trémousse ; Addis by night…


Un dimanche à la campagne
Un dimanche à la campagne.
Les femmes travaillent aux champs,
Les hommes catent à l’ombre d’un arbre.


Classe moyenne émergente éthiopienne ?…

Tu attends qu’elle veuille bien redresser sa tête, tu ne sais plus quelle position adopter, tu te tiens droite pour te donner une contenance. Assise derrière son bureau, elle finit par te jeter un regard, tu en déduis alors que tu peux répéter ta question.

De son bureau, elle hurle les noms des personnes qui viendront à elle.

Elle arrive en voiture au travail.

Le gardien qui lui ramène un verre d’eau, lui, n’aura même pas le droit à un regard.

Sa maison en construction depuis bien longtemps demeurera encore inhabitée cette année, le prix du béton augmente tellement…


Conseil de farenge à farenge :
« Ne fais pas comme moi, ne décide jamais de vivre en Ethiopie. Ici, je suis soit un sac à fric, soit un sac à foutre, ça dépend des saisons! »



La forme diffuse

Moi, je suis une forme diffuse ! Corps de fille, je me comporte comme un mec. Je suis indéterminée. On se comporte alors sans limite avec une forme diffuse…

mercredi 23 avril 2008

Des nouvelles d'Europe...

salut à tous !!

après ce long temps d'absence j'essaye de me bouger pour donner quelques nouvelles...
Je sors de deux mois de vacances, car en Allemagne entre les deux semestres ils ont deux mois. J'en ai "profité" pour faire mon stage court, donc c'est plutôt cool, même si j'avais absolument pas envie de bouger de Freiburg.

J'ai donc fait ce stage après de la vice-présidente du conseil régionale d'IDF chargée de l'aménagement du territoire, ou plus précisément auprès de sa "chargée de mission". Même si vous étiez certainement tous très loin de la France au moment du passage de la flamme olympique à Paris, peut-être avez vous entendu parler de cette anecdote : une élue verte qui se promenait dans les environs de la flamme avec un extincteur (bien sûr, par hasard !)... Et ben c'était elle !
Le jour de mon arrivée au conseil régional, ils m'ont demandé où j'étudiais précisément cette année (ils savaient que c'était en Allemagne mais ils se savaient pas où). Quand j'ai dit "Fribourg", ils m'ont tout de suite répondu : "ok, tu vas bosser sur les éco-quartiers". C'est fou comme ça a la classe d'être de Fribourg dans les milieux écolos. Tu peux crâner : "ouais, moi j'ai pleins de potes qui habitent à Vauban..." [Vauban, c'est un des éco-quartiers de fribourg, le plus connu d'Europe avec Bed-Zed à Londres] ; "T'imagines pas le nombre de vélos..." ; etc, etc. T'y habites depuis 3 mois seulement, mais tu es quand même leur "super envoyé spécial dans La Capitale Internationale de l'écologie" ! Bref, sur le fond, j'ai fait des comparaisons européennes des éco-quartiers, ce qui m'a amené à me pencher sur l'urbanisme, un domaine que je connaissais assez mal et que j'ai vraiment découvert par le stage, c'est vraiment super intéressant ! C'est fou de voir à quel point la conception d'un quartier et d'une ville peut influer sur le bien-être des gens qui y vivent... Et c'est fou à quel point les choix politiques traduits dans la conception urbanistiques sont importants !
Bref, j'ai fait un stage vraiment intéressant ; seul regret : comme c'était un stage court, j'ai pas pu vraiment bosser avec les gens avec qui j'étais, cad que j'étais un peu à l'écart de ce qui se faisait pk quand on est là pour 6 semaines, on n'a pas trop le tps de s'insérer à fond, de commencer des trucs longs, etc. C'est dommage, d'autant plus que Mireille Ferri (la fameuse vice-présidente verte) a commencé un travail de fond dans le cadre de la définition du "schéma directeur de la région IDF" (SDRIF), un travail commencé il y a quelques années, qui a vocation à prendre en compte le long terme (2030 au moins). Elle travaille notamment à la définition du concept de "nouveau quartier urbain", qui est, en gros, un quartier où tous les principes du "développement durable" (au sens le plus large qu'il soit) sont pris en compte (donc pas seulement un "éco-quartier") , pour en financer la construction en région parisienne. Elle travaille aussi sur la densification de certaines zones urbaines, avec des objectifs environnementaux et sociaux, mais aussi pour faire en sorte qu'à terme, la région parisienne soit un ensemble de "réseaux", et pas seulement "Paris au centre, la banlieue autour"... Je trouvais ça intéressant, mais je pouvais pas franchement en 6 semaines étudier de près tout le travail qu'ils avaient fait depuis plusieurs années, pour vraiment savoir où ils en étaient, et donc mieux m'insérer dans ce qu'ils faisaient...

Le stage, c'était une partie de ce que j'ai fait pendant mon passage de deux mois en France. Un autre truc auquel j'ai passé du temps, c'était la campagne municipale (ça aussi, ça a dû vous paraître loin, pour ceux qui étaient pas en france !). Dans ma ville, Vanves, il y a un groupe depuis plusieurs années, qui associe des Verts et des associatifs, notamment des milieux "alternatifs". Je les connais bien, et ai parfois milité avec eux. Quand ils réfléchissaient à la définition du programme (car ils se présentaient à la municipale), j'ai envoyé qq idées par mail, mais c'est tout. Et puis quand ils ont commencé à constituer leur liste, ils ont eu besoin de monde, alors ils m'ont demandé d'être sur la liste. A ce moment là, je savais pas encore que je serais sur Paris pendant les municipales, mais j'ai quand même dit oui pour les aider. Et, comme ils voulaient mettre un peu de jeunesse en haut de la liste, ils m'ont demandé dêtre 5e ! Ok, pas de problème, ai-je répondu. Le fait de me présenter à une élection me posait certes un problème idéologique, mais à la limite c'est un problème que je me pose à chaque élection et à chaque fois je me dis : "1- profitons de l'élection pour diffuser nos idées ; 2- même si je suis en désaccord avec le système électoraliste, représentatif, étatiste et tout ce qu'on veut, la gauche molle c'est moins pire que la droite dure". J'avoue quand même que j'ai refusé d'être sur la liste de fusion au deuxième tour (fusion entre nous et la liste PS-PCF). Tout ça pour dire que je me suis retrouvé un peu par hasard 5e d'une liste électorale (qu'on peut classer en gros dans la "gauche radicale et écologiste"). Et comme au moment des municipales, je faisait mon stage à Paris, je me suis retrouvé au coeur de la campagne... Là aussi, j'étais non seulement leur gage "jeunesse", mais aussi leur "super envoyé spécial de Fribourg". Ils m'ont par exemple recruté pour aller expliquer au PS ce qu'était un éco-quartier, car il y avait la possibilité d'en construire un à Vanves (ce que le maire de droite refusait), et le PS était partant sur le principe, mais n'avaient aucune idée de ce que ça pouvait être... Je vais pas m'étendre sur le parti socialiste, mais le fait de les avoir côtoyé de près pdt cette campagne m'a fait comprendre pourquoi ils perdent !
Bref, cette campagne a été intéressante et même marrante. Le seul problème, c'est qu'on a misérablement perdu ! Enfin pas "nous", car on a fait 8 %, ce qui est bien pour ce genre de listes ! Par contre la liste de fusion de la gauche au deuxième tour n'a fait que 45 % (le maire de droite a donc été réélu avec 55 %)... Vanves, c'est une ville de banlieue de la petite couronne, qui a été assez populaire mais qui s'embourgeoise d'année en année à cause du prix du loyer qui monte à Paris (les classes moyennes aisées se cassent vers la banlieue proche), et de la politique du maire de droite depuis 2001 (pas de construction de logements sociaux, sauf pour rester à 23% -pour la paroisse locale les ferait chier sinon- alors que la demande voudrait qu'on aille plutôt vers 30 % !). On va pas tout expliquer par l'embourgeoisement de la ville ces dernières années (ni par le fait que le maire ait promis plusieurs fois pendant la campagne aux musulmans de notre ville -qui sont assez nombreux- qu'il allait construire une mosquée, alors que c'était pas dans son programme, ce qui veut dire qu'il ne le fera pas !). On va pas non plus expliquer la défaite par le faite que le candidat de droite ait eu une liste de soutien avec des morts et des bébés ; ou qu'il a distribué dans la zone pavillonnaire de notre ville un tract où il "démontrait" que la gauche allait raser toutes les maisons pour construire des tours ! etc, etc. [Notre maire est un pote de Santini...] Mais ça a bien sûr quand même joué un peu.....

Voila, cette page politique est terminée ; je suis de retour à Fribourg depuis une semaine, et ça fait du bien. Déjà, je suis content de faire une trêve de politique (même si je vais m'y remettre pour aider à l'organisation du "mois de l'utopie" qui consiste à organiser pendant un mois pleins de trucs pour "vivre notre utopie" !). Content aussi de retrouver des anciens potes Erasmus, que j'avais pas vu pendant deux mois, et de reprendre qq habitudes (même si je hais la routine !) ; et puis aussi de rencontrer de nouveaux erasmus, arrivés ce semestre. Content aussi de revoir mes collocs, avec qui les choses ne pouvaient se passer mieux, de faire un peu la fête avec eux, mais aussi de glandouiller autour d'un café. Enfin, content de retrouver cette ville vraiment très agréable à vivre, alors même que le temps se réchauffe et qu'on commence à sentir un début de printemps après un hiver assez froid. D'ailleurs, on a un balcon ! (un grand luxe !) C'est la première fois de ma vie que j'ai l'occasion de planter des trucs, donc je me suis lâché ! : tomates, plein de types d'herbes (légales!), salades et pleins de trucs, et j'attends avec impatience de manger gratis, bio et très local (balcon) !
Bref, la vie cool !

Voila, un petit aperçu de ma vie ces derniers temps ; je me rends compte que c'est frustrant de vouloir parler de plein de trucs, mais de pas pouvoir parce que ça serait trop long ! Une seule solution : me pointer un peu plus souvent sur le blog, et puis ça me permettrait aussi de parler aussi d'autre chose que de ma vie !

bisous à vous tous !

Sylvestre

dimanche 6 avril 2008

Hé Didi..

Ce post est une réponse, ou une sorte d’écho à un très beau texte que j’ai reçu sur les femmes africaines.
C’est un (très modeste) hommage, ou une simple pensée à toutes les femmes indiennes, dans leurs jeans ou leurs saris, que j’ai croisé ici, qui m’ont méprisé ou sourit. Que j’aime ou que je déteste selon les jours. Que je fascine ou que je révulse.

Tableau 1
Elle marche comme une actrice Bollywood. Perchée sur ses talons, elle fait doucement onduler ses hanches sous sa kurta. Ses cheveux de princesse, noir et raide, marque le rythme, dans un mouvement savamment étudié. Elle a toujours les ongles tellement impeccablement faits. Immenses et vernis. Elle fait des mines, elle fait des moues. Tous les garçons sont amoureux d’elle. Elle savoure l’effet qu’elle provoque. Elle sourit, et son visage s’illumine. Son visage à la peau qu’elle trouve sans doute trop foncée, trahissant un peu l’identité qu’elle porte.

Aujourd’hui elle est sur l’estrade, face à la classe. Elle présente le projet qu’elle a fait pour le cours de socio sur la modernité indienne. Elle parle dans cette langue qui m’est familière m’est toujours inconnue (sans doute comme tout le reste de ce pays).
Et puis sa voix se brise, des larmes. La prof lui donne de l’eau et lui demande de continuer, avec une voix douce mais ferme.
Quelque chose se passe dans la salle.

L’explication me parviendra plus tard. Par la traduction de la prof, qui s’excuse de ne pouvoir transmettre qu’imparfaitement ce qui vient de se passer.
Elle vient simplement de se raconter. De raconter sa modernité. Dalit. D’une caste chargée de nettoyer la merde des autres.
La mort de son père. Une famille de dalits sans homme. Moins que rien parmi les moins que rien.
Sa mère qui abandonne le salvar kemis (la tenue traditionnelle). L’éducation, le mariage inter-caste de sa plus grande sœur, qui compromet les chances de mariages pour les plus jeunes sœurs.
Son envie d’être « moderne ». D’échapper à son identité qui lui colle à la peau. Par son nom même. Sa culpabilité aussi à être « moderne ».

Les réactions fusent. Les castes se dévoilent dans la classe. Certains garçons dalits qui expliquent qu’il ne faut pas pleurer, jamais, qu’il faut simplement se battre. Que pleurer s’est accepter ce qu’on a subit.
Elle répond que c’est son droit. Que tout ne peut pas être rationnel. Que cette émotion là et aussi légitime.
Et après tout, les castes n’ont rien de rationnelles.

Tableau 2
Elles sont belles dans leurs vêtements de couleurs. Des jupes à froufrous, roses, jaunes, bleues, à fleurs ou à fruits. Un voile sur la tête. Couvertes de bijoux, bracelets aux chevilles, aux poignets, boucles d’oreilles, boucles de nez. Leurs visages et leurs mains tatouées, ou décorées au hennés. Elles ne portent pas le saris mais la tenue traditionnelle du Rajasthan. Sur leurs blouses de jolis petits miroirs.
Assises par terre elle prennent leurs petits déjeuners, à l’ombre d’un tas de brique et d’un tas de sable.
Un bébé dort à l’ombre, pendant que l’autre tète sa mère qui continue tranquillement à papoter…

L’équation est simple.
Les briques et le sable doivent être transportés au deuxième étage du bâtiment. Sur leurs têtes.
Toutes la journée, pendant quelques semaines elles feront les allers retours, droites et menues, avec ces énormes sacs sur la tête.

C’est grâce à la tête des femmes indiennes que ce pays se construit. Elles transportent de quoi faire des routes entières ou des immeubles rutilants.

Elles regardent les blanches et les blanches les regardent, fascination mutuelle. Communication impossible. Sourires timides.

Et puis l’une d’elles, un peu plus imposante, un peu moins timide ose. Elle se lance. Elle demande à mon amie que je la dépose en moto un peu plus loin.
J’accepte. Frémissement d’excitation parmi les Indiennes. L’opération est périlleuse. Les froufrous s’assoient sur la moto, en amazone bien sûr, puisque les motos indiennes sont spécialement conçues pour ça. Ses amies lui tendent ensuite son panier, puis le bébé.
En route… L’indienne s’accroche à mon t-shirt. Elle est fière. Et moi j’ai tellement peur d’abîmer le tout petit bébé que je transporte.
Arrivée à destination saines et sauf. Un peu mal au bras pour moi…
L’indienne descend. Pose le panier en équilibre sur sa tête, cale le bébé sur ses hanches.
Et me lance toute fièrote, avec un petit sourire : « Bye bye.. »

Tableau 3
Enceinte de quelques mois, elle te toise de derrière son bureau. La chaleur est étouffante dans la salle remplie du sol au plafond de dossiers qui prennent la poussière. Les fonctionnaires tamponnent, maussades.
Entre son gros ventre et toi, ton dossier. Trois semaines que tu attends le petit tampon qui t’autorisera à rester dans ce pays…
Elle te regarde, tu la regardes, elle évalue combien elle peut espérer te demander…
Tu t’agaces. Elle se lance et glisse : peut être que tu devrais faire un cadeau pour le bébé…
Tu glisses les sous dans ton passeport, lui tends le passeport, la procédure habituelle…
Elle tamponne, puis râle, parce que tu n’as donné que 1000 roupies…

Tableau 4
Kushumita. Ca sonne comme une pâtisserie trop sucrée. Mais elle est en fière de son prénom, elle t’explique que c’est un nom de fleur (c’est toi qui y comprend rien, avec ton prénom qui veut rien dire)
Elle est bengali, et s’entête à parler dans sa langue natale même en face de toi. L’anglais ça l’emmerde.
Elle est toute en rondeur. Pas un os. Dans sa kurta rose bonbon, elle ressemble tellement aux fameux sweets de sa région. Beaucoup trop sucrés pour moi.
Imposante, écrasante. Elle râle.

Elle a 20 ans et ses parents lui ont trouvé un bon parti. De sa caste évidemment. Bengali évidemment.
Et moi je l’imagine, énorme ogresse, avec son petit mari sur les genoux…

Tableau 5
Elle te croise dans les couloirs. Elle a peu près ton age. Elle pourrait presque avoir l’air gentille.
Elle s’agrippe à la bretelle de soutien gorge qui dépasse de ton débardeur et la remarque cingle. « this is not good »
Tu restes sans voix. Tu voudrais lui dire que tu t’en fous. Que tu l’emmerdes.
Tu voudrais lui demander pourquoi elle aussi elle te rend la vie impossible.
Tu voudrais lui dire que c’est pas cette fichue de bretelle de soutien gorge qui est « not good », mais la force de cette p.. de société patriarcal, dont le plus grand succès est que ce soit les femmes elles mêmes qui assurent le contrôle sur le corps des femmes.

Tableau 6
Elle est grasse. Ses bourrelets dépassent de son sari. Elle est vieille et grincheuse. Tu sais d’avance ce qu’elle pense de toi, la blanche, symbole de tous les vices et de la westernisation décadente…
Elle regarde ta copine qui savoure sa cigarette. Son moment de détente et de liberté. Le court moment ou elle refuse de se soumettre, malgré les regards désapprobateurs. Elle a tout accepté, de porter la kurta, de renoncer aux décolletés, de baisser les yeux dans la rue, mais elle garde le plaisir de la cigarette.
Dans un anglais incompréhensible elle te hurle dessus. Tous les regards se tournent vers vous mais personne ne prendra ta défense. Tu comprends à travers les mots qu’elle est révoltée de voir une fille fumer, et qu’elle exige que ta pote éteigne sa cigarette immédiatement. Sa copine renchérit, regardant la bouteille d’eau sur la table, elle lance : « Et en plus, elles boivent »
Ta colère monte. Tu te tournes vers la grosse indienne, et tu lui dit que tu n’es pas un chien.

Tableau 7
Amrita. Mon amie.
Elle ne marche pas, elle vole, quelques centimètres au dessus du sol. Légère et gracieuse avec son petit corps de danseuse.
On passe des heures à papoter et refaire le monde, et à se raconter ce que vous ferez quand vous serez grande.
Tu lui as promis que tu serais là pour son mariage, mais tu lui as fait promettre qu’elle refuserait un mariage arrangé.
Elle a les cheveux courts, malgré la désapprobation générale, et ses yeux noirs toujours soulignés d’un trait de khôl.
Elle veut apprendre à conduire la moto aussi. Conduire aussi la pulsar « ultimatly male » , histoire de faire enrager un peu les hommes indiens…

Un jour tu l’as vu pleurer, et tu as compris le prix de tout ça.
Et la solitude des indiennes qui rêvent d’autres choses.
Tu te déteste de partir et de laisser toute seule au milieu de ce pays.

samedi 5 avril 2008

Algo habran echo

Imaginez-vous cinq minutes,

la France sans Deuleuze, Bourdieu, Godard, Truffaud, Danay, Krivine, Cohn-Bendit, Derrida, Beauvoir, Sartre. Sans non plus Coluche, Mitterand, July, sans les leaders syndicaux qu'on connaît, sans les verts, sans anar de plus de 30 ans, sans les féministes, sans mon prof d'histoire-géo de terminale, sans certains de nos parents, de leurs amis, sans les gens qui nous ont donné envie d'étudier les sciences politiques pour avoir une vision critique.

Imaginez-vous que tous ceux là, vous ne les avez jamais connu, vous ne les avez jamais lu, ni vu leurs production. Personne ne vous a jamais parlé de leur écrits, de ceux qu'ils ont fait, il n'ont jamais contribué à la culture, à la politique de leur pays. Au mieux vous connaissez d'eux des vieilles photos en noir et blanc, portées par leurs mères sur la place de Mai. Il sont soit au fond d'une fosse commune, soit se sont établi à l'étranger et ont du changer de vie, soit il sont ici, mais ressentent toujours les séquelles du traumatisme de la clandestinité ou de l'exil.

Ça ait un peu froid dans le dos non? C'est portant la réalité de l'Argentine.

Il y a 32 ans, le 24 mars 1976, un groupe de militaires dirigé par Videlat, prend le pourvoir au moyen d'un coup d'Etat contre le régime fascisant, décrédibilisé et fragilisé d'Isabelle Péron (la femme de Juan Péron) et de son astrologue avec lequel elle gouvernait. La situation est à la mode en Amérique Latine à cette période, les américains ont déjà aidé Pinochet en 1973 et un groupe de militaires au brésil en 1964 à installer des dictatures de droite dans ces pays. L'Argentine, dans une situation politique plus que trouble (il faudrait un autre post pour expliquer comment ils en sont arrivé là, mais je vous l'épargne pour cette fois) est un des derniers pays sur la liste. Elle connaîtra la dictature la plus dure de tout le continent. Les comparaisons dans l'horreur ne me ravissent pas, mais pour donner un ordre d'idée: si en 30 ans de dictature le Chili recense 3OOO morts et disparus, l'Argentine compte aujourd'hui avec 30 000 disparus en 8 ans de dictature. Toute une génération de militants étudiants, de professeurs, de penseurs, d'activistes, de syndicalistes décimée, exilée ou traumatisée.
Il y a quelques jours je prenais un café avec un économiste d'une soixantaine d'année, à la fin de la discussion, il m'a demandé où je vivais, j'ai répondu: "dans la rue Ecuador, je sais pas si vous voyez, entre la plaza Once et el Abasto, à l'ouest de Balvanera". J'ai vu des larmes monter, sa gorge se nouer, il a bu un peu d'eau avant de me dire "Je vivais au 261 de la même rue, à une cuarda de chez toi, le 14 avril 1978 quand les militaires sont venus me chercher. Ils y ont tout détruit, tout brulé, ont gradé certains de mes articles et des mes photos. Par chance j'étais déjà parti pour l'intérieur, pour 6 ans de clandestinité."

Alors le 24 mars, je suis allée défiler avec des amis, pour cet ami économiste, pour mes amis et ceux qui m'ont influencés en France, pour la liberté et la justice, et un peu aussi parce que, durant l'opération Condor (accord entre les différentes dictatures d'Amérique du sud pour la coopération dans la traque des dissidents) la France, qui, elle cherchait des membre de l'OAS, leur a filer un bon coup de main.

Ce fût la manif la plus impressionnante à laquelle j'ai participé de ma vie. On est arrivé à 2 heures, répondant à l'appel des organisation des droits de l'homme et des mères et grand mères de la place de Mai. Le défilé était très court et dense (à peine 1 km). Très calme, avec quelques tambours et danses, aucun flic. Arrivé place de Mai, le plus surprenant a été le silence. Bs As est une des villes les plus bruyantes du monde. Mais ce jour là, sur la place de Mai, il y a avait un silence terrible pendant que l'on égrainait les noms des assos participantes et que l'on répétait au micro "30 000 desaparecidos presentes! Hoy y siempre!"

Puis, toujours dans le même silence tranquille est arrivé la banderole. Celle qu'on voit dans les journaux et parfois aux infos, quand ils daignent un peu parler d'Amérique du sud. Le drapeau argentin, bleu, blanc, bleu, étiré à l'extrême pour y placer, des deux côté bleus, les photos des disparus. Je ne sais pas combien mesure cette bannière contre l'oubli mais le cotrège qui la portait a bien mis 30 minutes à passer devant moi, qui assise mangeait un chorripan.


A 4 heures, ils ont appelés les gens à se disperser "certains companeros ne peuvent pas accéder à la place." Ça nous semblait court une manif de deux heures mais bon, on a donc décidé de rentrer à la maison en prenant le cortège à l'envers. A 500 mètres de là,un groupe anar cagoulé étirait sa banderole: "Ni dictadura, Ni democracia, Anarquia Ya!" Je dois avouer que ça m'a fait plaisir, le drapeau Argentin étant trop présent dans la manif pour réellement remettre en question le gouvernement (qui y va bien tranquillement pour juger les militaires). En remontant un peu on a croisé tous les groupes Troskistes, le MAS et le PTS entre autres, très nombreux et divisé par quartier qui eux défilait avec beaucoup plus de musique et de tambour, exposant les noms de leurs militants disparu et je vous jure qu'il fesait pas bon être Trosko en 1976 vu la longueur des listes.

La manifestation a réuni dans les rues de la capitale plus d'un million de personnes (chiffres de la police!) et quelque centaines de milliers dans les principales villes. Il faut dire que la plaie est très loin d'être refermée.
La dictature et les généraux qui la conduisaient sont tombés en 1983, lors d'une guerre pour récupérer les îles Malvines aux mains des anglais. La dame de Fer évidemment, n'a pas laissé passer, leur à envoyer toute sa flotte et ses bombardiers; la déroute qui a suivit à été aussi brève que violente. (Ce qui fait à l'heure actuelle des îles Malvines un des territoires les plus militarisé du monde).
Mais 32 ans après, la césure existe toujours entre ceux qui profitèrent de la dictature, pour qui le pays était meilleur, les rues plus propres, moins de vols, moins de gens qui trainent(...et j'en passe) et ceux qui en soufrèrent, qui se cachèrent, qui se taisèrent. Entre ceux qui pense des disparus qu'"Algo habran echo" (ils ont bien dût faire quelque chose de mal pour disparaître ou être emprisonnés) et ceux à qui il manque un frère, une mère, un oncle, un ami dont le seul délit était son affiliation politique.

Et puis la dictature, 30 ans après fait toujours des disparus. Il y a 18 mois, disparu Julio Lopez, un maçon qui travaillait pour construire certains murs de centres de détention. On le fesait travailler sous contrainte et parfois on l'y amenait les yeux bandés. Il était près à témoigner, à dire pour qui et où il travaillait et qui il avait pu croiser dans ces camps lors des procès qui s'ouvrirent il y a deux ans déjà. Il n'a jamais pu témoigner, il n'est jamais arrivé au tribunal. Sa photo était partout, son nom sur toutes les bouches. Mais il n'est malheureusement pas le seul.

Pour info, il y a plus de photos et moins d'explications sur mon profil Facebook (que in que soy!)

vendredi 4 avril 2008

première pluie

Aujourd'hui est arrivée la première pluie de la saison, ça y est, c'est fini les jours ensoleillés pendant des semaines entières. En même temps je ne me plain pas vu que c'est la première pluie depuis mon retour au Costa Rica il y a un moi et demi ( un moi et demi déjà ! ). En plus c'était plutôt chouette, ça sentait bon, ça faisais une impression sympathique, mais quand on s'est rendu compte qu'il pleuvait à travers le toit sur la terrasse c'était tout de suite moins drôle... Et en plus ça n'a pas fait partir les moustiques.
Et puis mon semestre commence très sérieusement depuis cette semaine, j'ai pleins de trucs à faire et à rendre, ça y est quoi, il faut se remettre à travailler. J'étais pas vraiment dans cette optique là pour l'instant alors c'est pas facile de s'y remettre mais j'ai pas vraiment le choix vu que c'est pour des travaux en groupe, je veux pas laisser les autres dans la merde...

Ha sinon, dimanche dernier je suis aller à un très grand marché où les producteurs locaux vendent leurs produits, du coup on trouve de tout, pas cher du tout et super bon. J'ai donc fais mon gros touriste au marché et je suis revenu avec plein de trucs super cools. Deux ou trois fois j'ai été obligé de demander: hey c'est quoi ça? Fruit ou Légume? On le mange comment? Cuit ou cru? on en fait quoi?
Très gentiment les gens m'ont donné plein de recettes et d'idées chouette et du coup toute la journée on a mangé plein de fruits et de légumes trop bons.
Je vous met les photos de ce qui valent vraiment le détour, vous allez comprendre pourquoi j'ai été obligé de demander...

ça c'est la Guava, c'est des petites branches avec les fruits à l'intérieur, ce qui se mange c'est le blanc, c'est super bon et c'est étrange parce que c'est un peu poilu mais ça fond quand on le mange, c'est pas désagréable. Par contre il faut éplucher beaucoup pour pas grand chose à manger


La granadilla comme on dit ici, je pense que c'est le grenadine en fait.
C'est trop cool, c'est tout gluant et les noyaux sont croustillants.


Voila pour les nouvelles.
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Listening to: Gene Vincent - B-I-Bickey-Bi, Bo-Bo Go

mercredi 2 avril 2008

On a partagé l'Afrique

On l’aura dit et redit. L’Afrique du nord, c’est pas l’afrique. Le sud de l’afrique, c’est pas l’afrique. La Namibie, c’est pas l’afrique. L’Ethiopie, c’est pas l’Afrique. Mais Addis Abeba, c’est pas l’Ethiopie. Et la rue Piassa, c’est pas Addis. La rue Piassa, c’est une rue presque comme une autre, nommée comme ca par les locaux simplement parce qu’elle se trouve dans le quartier de Piassa. De chaque coté de la rue, quelques cafés. Des cafés, des vrais, avec des tables et des chaises posées dehors, où n’importe quel autochtone s’assied, pas nécessairement un homme gras habillé de chaussures en peau de croco, d’un costume à l’américaine et de lunettes de soleil fashion, comme on le verrais le plus souvent au ghana. La, l’autochtone peut commander un café, ou un café au lait. Le café qu’on lui apporte, c’est pas un nescafé. C’est un vrai et bon café, et l’Ethiopie en a fait un trait spécifique de sa culture (et de son économie, un des rares). Je pense que c’est la raison pour laquelle on boit du vrai café à chaque coin de rue à Addis, et du nescafé à Accra, alors qu’on cultive du café dans les deux pays, cette culture.

La rue Piassa est stratégique. Elle relie un des centres de la ville à l’un de ses hotels luxueux. C’est pourquoi de chaque coté de la rue, et à ces cafés, des dizaines de jeunes ont érigés leur retraite, et guettent les touristes qui débarquent pour leur servir de guide d’une manière ou d’une autre. Ces guides sont d’ailleurs souvent sortis de leur village de campagne grâce à l’argent du tourisme ‘sauvage’. Maintenant ils squattent là, il me semble tous les jours et toute la journée, et toujours plus ou moins désoeuvrés. Ils y ont leur monde, leurs incessantes histoires de thunes, leurs commentaires sur les filles, leurs racontars pour les étrangers. C’est là que Sacha a trouvé son ghetto, et il y a ses potes et ses problèmes. C’est la rue vers laquelle on se dirige dès qu’on sort de l’appart’ de Sacha, mais c’est aussi la rue qu’on évite tant qu’on a personne à y voir. En tout cas, Sacha y vit comme un poisson dans l’eau. Clélie, elle, vit entre certains amis qu’elle tient de là bas et ses compagnons du Centre Français des études éthiopiennes qui font leur thèse sur des chose telles que 'les peintures végétales de la pierre de granit de l’église saint george du 17eme siècle de lalibela de…' et où on entend des blagues sur les belges et on cuisine autant des pâtes que de l’injerat, mais peut être plus des pâtes. Les deux ont aussi acquis un niveau impressionant en Amharique, la principale langue ethiopienne, et qui dépasse de dix fois mes trois langues ghanéennes cumulées.

En venant du ghana, on est sincèrement ébloui par la profusion de cafés, restaurants, et hôtels d’Addis abeba. Les magasins avec vitrines y sont courants alors qu’à Accra, ils ne peuplent que les deux rues les plus commerçantes de la ville. Au Ghana, un magasin, c’est le plus souvent un étalage de produit sur une table, et le restaurant, c’est pareil, il est dehors sur la table… « tu le veux mon fufu ? » Heu…oui. Donc on investit pas autant la rue en Ethiopie. En général, l’Ethiopie n’a pas l’excentricité de l’Afrique de l’ouest. Donc devant cette profusion de magasins et en venant du Ghana, j’en croyais pas mes yeux. Fort heureusement, les mendiants de chaque coins de rue étaient là pour conforter mes connaissances du pays. Il faut dire qu’à Addis bien des gens gagnent leur argent d’une manière pas banal, en tout cas pas chez nous. On se prostitue dans les boites de nuit, par exemple pour payer ses études, on crie les destinations et récoltent l’argent des voyageurs dans les minibus de ville alors qu’on a sans doute pas 10 ans, on s’accroche coûte que coûte à un étranger pour lui soutirer l’argent d’une visite, se faire payer sa soirée, ses études ou son visa.

Il faut dire que le tourisme est très développé en Ethiopie, même si pas très encadré. C’est que l’Ethiopie a beaucoup à montrer : sites naturels, historiques ou religieux. La région a aussi cultivé sa singularité depuis toujours, et que ça soit culturel ou naturel, on finit par avoir l’impression que chaque détail est endémique à l’Ethiopie...cette indépendance et cette unité, si anciennes, cette langue, à l’alphabet qui lui est propre, cette religion, une orthodoxie particulière, ce calendrier, Julien qui nous met en 2000, cette gastronomie, à base d’injera, une galette d’une céréale endémique nommé ‘tef’ que l’on remplie de légume viande ou poisson, cet oiseau, cette plante…bordel! Y sont quand même comme les autres nan !?

Un prêtre nous expose un manuscrit religieux dans une église du XVIIème siècle...

Mouais…en tout cas je pourrais associer un éthiopien plus facilement à un français qu’à un ghanéen. Au royaume des stéréotypes, l’éthiopien est frêle et presque timide, le ghanéen grand, épais et bruyant. La demoiselle éthiopienne est finement taillée et pleine de charmes, la mama ghanéenne est imposante et semble hostile. Les ghanéens sont chauds et accueillants, vont demanderont de l’argent parce que celui qui est fortuné est supposé partager sa chance avec les autres, les éthiopiens sont sympathiques et sournois, vont demanderont de l’argent parce que le prix de l’hôtel double mystérieusement selon la tête du client. Je pourrais continuer la comparaison pendant des pages, entre les gens et entre les pays, on est vraiment d’un côté ou de l’autre de l’Afrique. Moi, ce que j’ai bien apprécié chez les Ethiopien, c’est leur flegme, leur coté musulman, leur capacité à apprécier un thé à la cannelle, un lait chaud, un café bien fort, une shisha, ou à mâcher du cat sans rien faire de plus. Le cat, c’est encore un truc assez spécifique à leur coin (afrique de l’est, yemen, autre ?). Ce sont des feuilles vertes que l’on mâche sans relâche et qui détendent, rendent l’esprit alerte, font disparaître la fatigue et rendent extatique et sociable. C’était à la base utilisé par les musulmans pour prier toute la nuit, puis s’est développé à toute la population dans les vingt dernières années. Maintenant les étudiants en prennent pour rester éveillé, les travailleurs pour être actifs, les fêtards mâchent dans l’après-midi pour tenir la soirée, et les voyageurs pour faire passer le voyage (la cat est le meilleur ami du voyageur, il vous coupe aussi l’envie de pisser et la faim, vous met dans l’ambiance pour discuter avec le voisin et vous êtes arrivés avant de vous en rendre compte). On dit la bas que c’est un ‘stimulant’, souvent pour faire oublier que c’une drogue qui entraine une dépendance, et la troisième phase selon le guide lonely planet, après les phases euphorique et intellectuelle, est une phase dépressive, mais dépend sans doute de la personne. Le cat est assez gros en Ethiopie.
Shisha, café torréfié (l'assiette a gauche), et encens dans une maison de cat...

J’ai donc passé une semaine à découvrir la vie d’Addis Abeba et de Piassa, fréquenter les cafés et les restaurants sans presque jamais aller deux fois dans le même (!), sortir dans les boites ou Sacha était accepté (pleines de putes), vivre dans son appart dont l’état a indigné le stagiaire d’une ONG dans l’eau et les sanitaires, et témoigner de son succès auprès des filles (c’est bien simple à Addis il y a Sharuk Khan, l’acteur n°1 de Bollywood, Ronaldo, et Sacha), ou bien trainer les endroits branchés de la ville avec Clélie, essayer les alcools surprenants et bien sur écouter des blagues belges. Après quoi ‘Chacha et Fifin’ (selon la prononciation locale) sommes partis dans le sud du pays. On a loué une voiture, qu’on a conduite pendant un jour, tenté de réparer pendant deux jours, et se faire rembourser pendant au moins dix jours. On a donc continué en bus, et fait un beau voyage parsemé de sources thermales, d’une communauté rasta, de très beaux paysages, de crocro, …Le voyage, ainsi que toute son expérience de l’ethiopie, est relaté sur le blog de Sacha, qu’il a sournoisement caché aux yeux de beaucoup : allez sur overblog.com puis recherchez mission-to-ethiopia (pff, oui je sais).

En haut, les chutes du Nile Bleu. En bas, le chateau (l'un des) de Gondar, capital Ethiopienne du XVIIème.

J’ai voyagé tout seul la dernière semaine dans le nord du pays, qui représente la route historique. C’était très chouette mais j’ai pas grand-chose à raconter. Simplement, l’histoire du pays est passionnante, et l’Ethiopie, même si elle n’est pas plus unique qu’une autre, est clairement sous-publicisée par chez nous.

Je suis donc de retour à Accra après quelques déboires avec Ethiopian airlines, et j’apprécie donc toute la différence avec cet autre pays africain…J’affirme toujours qu’on ne peut pas dire d’un pays qu’il est mieux qu’un autre, mais c’est clair, les jus de fruit et le café vont me manquer…Enfin au final, de retour à Accra je me sens moins perdu en venant d’Addis que je ne l’étais en ressortant de mon bled de campagnard des plaines d’Afram…le dépaysement n’est peut être pas là où on le croit.

Voilà je dis un grand grand grand MERCI à Sacha et à Clélie qui m’ont introduit à leur pays d’adoption, c’était un voyage ultra riche grâce à toutes vos connaissances et analyses du pays. Profitez bien du temps qu’il vous reste…ça ça vaut pour tous, haha !

Bises à tous!