vendredi 30 novembre 2007

Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.

Aujourd'hui, y a un photo-reporter français qui est venu prendre des photos à Chilavert. Il avait une tête (et une stature) de Viking, le contarste avec les petits ouvriers bruns et barbus était très drôle. J'ai joué à la traductrice pour lui qui ne parlait pas un carajo de castillano, c'est assez marrant. J'ai tout de même fini à la fin de la journée par m'emmeller les pinceaux, parlant n'importe quelle langue à n'importe qui. Pour me remercier, on est allé prendre un café avec des media-luna (croissants). On a discuté de l'Argentine surtout (ça fait 2mois qu'il est là) et on était pas vraiment d'accord.
Malgré son nom qui sonne féminin, pour moi l'Argentine c'est un homme (je ne fait là que reprendre une métaphore de Loïse qui comparait la Lituanie à une femme de l'Est). L'Argentine c'est un homme du Sud travailleur, jeune, passionné, qui sent la transpiration (on est qu'au début de l'été) et surtout, surtout beau-parleur, un chamucho en lunfardo. Alors forcément soit on supporte pas longtemps, soit on se laisse avoir, on tombe amoureux et on pardone tout.
Moi je suis amoureuse, le photographe, qui s'appelle Raphaël, commence à s'agasser (heureusement pour lui il rentre lundi dans le froid et ingrat hiver français).
Les rues défoncées qu'il ne supporte pas et sur lesquelles il s'est fait de nombreuses entorses, sont devenues pour moi un jeu, comme quand on est gosse et qu'il faut pas marcher sur les carrés blancs. Les bus bondés qui puent la sueur, où au début tu comprends pas du tout comment ça marche pour payer et où le chauffeur conduit comme un fou mettant la vie de ses passagers (et la sienne) en danger constant, sont pour moi un moment ou j'apprend, j'écoute, j'observe et je partage un peu la vie de ce peuple que j'aime tant. Le péronnisme, cette idéologie populiste, que Péron a calqué sur sur le mussolinisme et dont toute l'Argentine se réclame, de l'extrême droite aux anarchistes, qui n'est pour Raphaël que synonyme d'un régime qui a acceulli d'ex-nazis, a préparé le terrain de la dictature et a fait des syndicats des fantoches, une mafia bien rôdé qui n'a pas levé le petit doigt pour les droits des travailleurs (sauf le droit syndical bien évidamment) depuis 2 générations. Pour moi, le péronnisme est synonyme du goût pour la complexité politique (et la complexité tout court) des argentins et le symptôme d'une nation jeune et orgeuilleuse qui a besoin d'un chef à poigne et qui peine à le retrouver. (En plus vu ce que nous français, vieille nation sage, on se cogne, on a pas trop de jugement à donner).
Il râle parce qu'à part de la viande, y a rien moyen de manger, moi j'en ai pris mon parti, j'ai décidé de me faire une réserve de protéines pour les 10 années à venir. Il n'a toujours pas réussit à se mettre à boire du maté, moi j'ai adoré dès la première fois. Ce qui au début était un goût pour la coutume et la valeur de partage que cela représentait pour moi c'est mué en goût pour le maté tout court. Et les argentins sont très fiers de me voir en préparer sans que personne ne m'est rien demandé et de savoir que quand on me dit gracias, c'est que l'on en veut plus.
J'aime même bien les remarques que me font les gars dans la rue, les commentaires sur ma cola et sur le fait que je suis hermosa. Ca fini même parfois par me flatter quand c'est dit gentiment avec le sourire et ça me fait bien commencer la journée. Je me suis habitué au machisme qui peut rendre parfois de grand services: une place assise dans le bus, un gars pour te racompagner jusqu'a ta porte après minuit, des attentions discrètes qui paraîtraient super désuettes en France, des sourires, des blagues et beaucoup de compliments ("me dit pas qu'elles sont toutes comme ça les françaises, nous on en a une exeptionnelle, regarde ses yeux, si j'avais 25ans je mourrais pour des yeux pareils: dixit Raül 54 ans une femme, deux enfants et toutes ses dents). Mais qui a aussi des inconvénients : l'amitié graçon/fille est impensable où alors c'est que le garçon en question est homo et ils ont la gomme d'idées reçus sur les filles hystériques et j'en passe.
J'aime le bruits, les coups de klaxons qui ne servent qu'à la frime, les engeulades dans la rue, les démarrages des bus qui t'envoient un nuage de fumée dans la gueule, le gars qui crie des mots incompéhensibles dans un mégaphone et qui achète des vieux meubles qu'il empile très incertainement sur sa charrette tirée par un cheval en pleine ville. J'aime aussi le chant improbable des oiseaux de Bs As quand je rentre au petit jour.
J'aime leur rythme de vie, manger à 10h du soir après une petite sieste, faire la fête de 2heures à 7 heures du mat' et dormir dans le bus (comment ils font pour pas louper leur arrêt reste pour moi un mistère).
Je me suis habituée à ce que tout commence 1 heure après l'heure prévue alors qu'ils avaient insité pendant longtemps pour que je me pointe à l'heure. Leurs retards (une demi-heure au minimum) et leur impatience quand c'est toi qui a 2 minutes de retard. J'ai du coup toujours un livre dans mon sac, je lit beaucoup, paradoxalement je suis dans une période de Beauvoir.
J'ai même appris ici que boire des bières avec des copains en regardant un match de foot et en se foutant sur la gueule entre supporters de différentes équipes tous les dimanches, ici ça voulais pas dire être un beauf, ça veut juste dire être argentin.
J'aime leur accent chuintant et leurs mots d'argot. Je me gonfle de fièreté (et eux aussi) quand ils me disent que maintenant je parle porteno. J'aime quand ils refusent à présent de me corriger car ils disent qu'après ça se verra plus que je suis française. J'aime quand ils essayent d'apprendre le français en appuyant trop fort sur le R et en disant qu'on est fou avec notre système numérique au delà de soixante.
J'aime le fait qu'il me suffise d'aller en Uruguay pour 30 euros pour pouvoir rester chez eux 3 mois de plus et meurt de honte quand je pense que chez nous on refoule de l'étranger à tour de bras.
J'aime leur fièreté, leur fouge, qu'ils se jettent à bras le corps dans tous ce qu'ils font.
Mais comme dans tout amour pationnel, il y a aussi des côtés sombre qui me révolte et que je me refuse d'accepter pour un pays que j'aime tant: le racisme envers les péruviens, chiliens et paragayiens moins bien lotis qu'eux qui viennent leur voler leur travail et s'entasser dans des villa misere où après chaque pluie il faut tout reconstruire. Je hais voir les cartonneros être les seuls à recycler et à trier toutes les poubelles de la ville en tirant à bout de bras des charrettes 10 fois plus lourdes qu'eux à la tombé de la nuit. Je m'insurge contre le fait que leur catholissisme presque païen tellement ils ont de saints, pas si présent que ça dans la vie de tous les jours, les empêchent de voter une lois pour un avortement sûr et gratuit (une femme avorte toutes les 2 minutes en Argentine). Je ne supporte pas de voir des amis à moi me dire qu'à 25 ans ça fait 12ans qu'ils travaillent et que malheureusement, ils ont pas le temps pour suivre des cours du soir pour passer leur bac, parce que t'as beau bosser dans une coopérative, après 8 heures de boulot et ce 6 jours par semaine (le loi impose 45heures de travaile hebdomadaire), t'as qu'une envie c'est rentrer chez toi te détendre.
Il y a encore beaucoup de chose à faire ici, plein de mauvaise habitudes et d'inégalités à érradiquer mais malgré tout ça, je suis amoureuse...Viva Argentina!
PS: je vous en supplie, ou que vous soyez (surtout si vous êtes sur Panam parce que beaucoup d'Argentins m'ont raconté comment les gens étaient fermés là-bas, et dans ces cas là, moi qui ai bénéficié de leur acceuil plus que chaleureux je meurs de honte), si vous croisez un Argentin, invitez le de ma part à boire une bonne bière et faites lui aimer mon pays comme ils m'ont fait aimer le leur.

14 commentaires:

Vivien a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Pauline a dit…

Pourquoi tant de haine Vivien. Tes pics commencent un peu à me fatiguer et je n'ai plus grand chose à y répondre.

Vivien a dit…

C'est pas de la haine, mais de l'amour. pardon je retire ma pique.

Anonyme a dit…

Vous etes gonflés.
Un 1er décembre, utiliser la technique du retrait.

Polette a dit…

attend le 10 ... la technique du retrait, ce sera oublié.

Anonyme a dit…

C'est un super papier ! Bravo
Je suis juste chagriné du titre qui fait trop Ségo le retour…
Si vous avez la nostalgie du pays, ben c'est pareil qu'avant ... en pire
http://www.dailymotion.com/video/x3o304_segolene-royal-4-decembre_news

Pauline a dit…

Je jure sur ma tête que je viens d'apprendre à l'instant, en lisant un article de rue89 le nom du livre de Ségo.
Ca enlève tout le romantisme de mon poste, le titre du livre me semble tellement niais!
Dslée.

Anonyme a dit…

ne t'inquietes pas .c'est quand même à l'origine une phrase de Barbara.
Sego n'a fait que copier...

doudou a dit…

Est-ce franchement mieux? ;p

Bon et l'interview de Royal est assez pathétique, autant du point de vu de PPDA que de Royal, les deux sont assez lamentable...

Pauline a dit…

ben moi aussi justement je copiais Barbara!

Anonyme a dit…

je l'esperais bien !

Rémi a dit…

Barbara c'est mieux je soutiens ta maman doudou!
Et complètement d'accord avec JR (je ne tente pas la référence télé foireuse)...

Anonyme a dit…

Pauline, t'as tous les droits de copier Barbara... t'en es digne!
c'est la sego qui craint, mais c'est pas nouveau
c'est qui qui m'a mis dans les liens? sympa, mais va me falloir être à la hauteur.

doudou a dit…

La pression?

Rémi à parler de jeux de mot foireux, je l'ai fais =)

Ne me remerciez pas je suis là pour ça. :p